Elles sont jeunes, charmantes et acclamées sur les scènes d’opéra du monde entier. Toutes deux sopranos, l’Américaine Nadine Sierra et la Sud-Africaine Pretty Yende sont ici réunies le temps d’un récital tissé de duos et d’airs du répertoire lyrique, italien, français ou américain. Très divas dans leurs robes de sirène, l’une argentée, l’autre blanche, elles unissent leurs timbres et le premier plaisir de l’auditeur est de constater la limpidité et la fraîcheur de cet alliage. En fermant les yeux, on peut d’ailleurs parfois se demander laquelle est laquelle…

Des rôles aimés

Très finement accompagnées par les instrumentistes des Frivolités parisiennes sous la direction attentive et nuancée de Giacomo Sagripanti – une merveilleuse soierie de cordes et de flûtes dans le Duo des fleurs de Lakmé –, elles partagent leurs rôles de prédilection avec un auditoire enthousiaste dès leur entrée en scène.

Ainsi Nadine Sierra retrouve Violetta, l’héroïne bouleversante de La Traviata de Verdi, avant de se glisser, malicieuse et rouée, dans les atours de Norina, la fausse ingénue du Don Pasquale de Donizetti. Son assurance offre un joli contraste avec la tendresse de Pretty Yende, mélancolique et fragile Somnambule selon Bellini. Après l’entracte et un changement de tenue, les deux chanteuses s’encanaillent gentiment le temps d’un extrait partagé de West Side Story de Leonard Bernstein : fausses rivales, elles font crouler la salle de bonheur !

Sans jamais chercher à briser les codes du show vocal, ces deux professionnelles ne ménagent ni les œillades, ni les sourires complices. Pourtant leur prestation évite la surenchère, tant les deux artistes y prennent une joie manifeste et, avant toute chose, pensent à leur public. Si bien que, même derrière son petit écran, le téléspectateur ressent la vibration, la magie de l’art lyrique. Ici, elle vous étreint d’une divine tristesse ; là, elle provoque un salutaire éclat de rire.