Près d’un mois après son entrée en fonctions, le 8 février, la ministre de l’éducation nationale, Nicole Belloubet, détaille au Monde sa vision de la mise en œuvre des groupes de niveau au collège, rejetés par l’ensemble de la communauté éducative. Elle évoque également la crise de recrutement des enseignants, les violences dont ils peuvent faire l’objet, ainsi que ses projets à la tête d’un ministère qu’elle souhaite occuper « sur le temps long ».
A votre prise de fonctions, vous vous êtes laissé quelques semaines pour réfléchir à la mise en œuvre des groupes de niveau au collège. Qu’avez-vous décidé pour cette mesure qui doit entrer en vigueur à la rentrée ?
Mon objectif, partagé par le président de la République et le premier ministre, est de rendre notre école plus efficace pour les élèves, et d’améliorer les résultats scolaires. Cela ne peut se faire qu’avec une pédagogie adaptée. Pour le collège, celle-ci doit passer par la constitution de groupes qui nous permettront, dans les deux matières fondamentales que sont le français et les mathématiques, de faire progresser le niveau de tous les élèves en prenant en compte la situation de chacun d’entre eux.
Mais s’agira-t-il de groupes de niveau sur l’intégralité des heures de mathématiques et de français en 6e et en 5e, comme l’avait annoncé Gabriel Attal ?
Pour atteindre cet objectif du « choc des savoirs », ma préoccupation est de tout faire pour rendre possible cet engagement et de le rendre applicable sur le terrain. Je demande aux enseignants de travailler avec leurs élèves en groupes tout au long de l’année scolaire, en prenant en compte leur niveau et leurs difficultés dans telle ou telle modalité d’apprentissage. Nous allons introduire une certaine souplesse pour les principaux de collège. Ainsi, il appartiendra au chef d’établissement de voir à quels moments dans l’année il faut rassembler les élèves en classe entière, afin de réexaminer la composition des groupes dans ces deux matières fondamentales. Il y a 12 millions d’élèves [en comptant le premier et le second degrés], et les situations diffèrent d’un collège à l’autre. Ce n’est pas à moi, depuis le ministère, de dicter l’emploi du temps dans chaque établissement.
C’est une inflexion par rapport au discours que portait Gabriel Attal sur le sujet lorsqu’il était ministre de l’éducation nationale…
Non. Lui et moi sommes d’accord à 100 % sur l’ambition. Je crois à l’autonomie des établissements, et je fais confiance aux équipes éducatives. Mais la confiance n’exclut pas les responsabilités. Il y aura un travail avec les corps d’inspection pour voir si ce qui a été imaginé par les équipes répond bien à la commande de la constitution de groupes, peu importe le nom qu’on leur donne pourvu qu’ils fassent progresser les élèves. Et nous mesurerons in fine la réalité de ce qui a été mis en place grâce aux résultats aux évaluations nationales.
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