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Décryptage

Parcoursup : l'hypothèse d'épreuves « standardisées » au bac resurgit

Dans son rapport annuel, le Comité éthique et scientifique de Parcoursup suggère de réintroduire des épreuves standardisées dans le cursus des lycéens, et d'en tenir compte dans les dossiers pour éviter « l'inéquité » entre les candidats.

Les candidats ont jusqu'au 14 mars pour formuler leurs voeux sur Parcoursup.
Les candidats ont jusqu'au 14 mars pour formuler leurs voeux sur Parcoursup. (Damien MEYER/AFP)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 6 mars 2024 à 11:06Mis à jour le 6 mars 2024 à 19:35

Depuis plusieurs semaines, le sujet revient en boucle dans toutes les journées portes ouvertes organisées avant la date limite de dépôt des voeux sur Parcoursup, le 14 mars. « Comment prenez-vous en compte les notes des bacheliers dans l'examen des candidatures ? » « Qu'en est-il des enseignants ou des lycées qui sous-notent ? » « Prenez-vous en compte le lycée d'origine ? » Les parents comme les lycéens posent beaucoup de questions sur l'harmonisation des notes.

Ils ne sont pas les seuls. « Les méthodes de notation qui aboutissent au dossier de Parcoursup sont très différentes, ce n'est pas normal », estime Catherine Moisan, qui a contribué au sixième rapport annuel du Comité éthique et scientifique de Parcoursup (CESP) qui vient d'être publié. Le Comité suggère de réintroduire des épreuves standardisées dans le cursus des lycéens et d'en intégrer les notes dans les dossiers sur Parcoursup pour éviter « l'inéquité » entre les candidats.

« Se mettre d'accord sur un niveau standard »

La problématique n'est pas nouvelle, mais le changement de calendrier du bac renforce certaines inquiétudes. Car les épreuves, qui se dérouleront du 19 au 21 juin, sont trop tardives pour que les notes soient prises en compte dans Parcoursup. En annonçant le report des épreuves de spécialité du bac de mars à juin, Gabriel Attal avait expliqué vouloir reconquérir le mois de juin et lutter contre l'absentéisme.

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« C'est une bonne chose pour arriver à un meilleur niveau dans le supérieur », a assuré la ministre de l'Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, mardi, lors d'une audition à l'Assemblée.

Mais problème de taille : les commissions d'examen des voeux de l'enseignement supérieur, qui classent les dossiers des élèves sur Parcoursup, n'auront cette année que des éléments de contrôle continu à leur disposition, hormis l'épreuve anticipée de français de la classe de première.

Pour le Comité éthique de Parcoursup, ce n'est pas suffisant. Il faudrait des outils pour différencier un 12/20 qui sera considéré comme une excellente note dans tel lycée d'un 17/20 dans un établissement où la notation a été moins sévère, plaident les auteurs du rapport. Ils appellent à « un minimum d'objectivité » avec « un peu d'éléments standardisés ».

La boussole, ce n'est plus le bac, c'est l'enseignement supérieur

Catherine Moisan Membre du Comité éthique et scientifique de Parcoursup

Et proposent, non pas « de mettre tout le monde dans des salles, le même jour, à la même heure, avec la même épreuve », mais de revenir à des épreuves similaires aux anciennes épreuves communes de contrôle continu, les fameuses E3C qui avaient été supprimées en 2021. « Elles étaient sans doute intéressantes, car organisées avec des banques d'épreuves standardisées et des corrections anonymisées, indique Catherine Moisan. Ces banques d'épreuves pourraient servir à se mettre d'accord sur un niveau standard de bacheliers ayant suivi telle ou telle spécialité. »

« Une évolution longue et difficile »

Interrogée mardi soir à l'Assemblée sur l'idée de réintroduire des épreuves standardisées pour le baccalauréat, Sylvie Retailleau a simplement répondu qu'elle travaillait avec les recteurs pour voir « comment harmoniser les notes au niveau des lycées et gommer l'effet lycée, avec des bilans par académie pour savoir si les notes sont très différentes d'un lycée à l'autre ».

Avec le report des épreuves de spécialité en juin, « les professeurs se sont tirés une balle de chevrotine dans le pied par rapport à la valeur relative du bac, confiait il y a quelques semaines Pierre Mathiot, ancien directeur de Sciences Po Lille et concepteur de la réforme du bac. Ils y ont vu une victoire, mais c'est une victoire à la Pyrrhus. Ils vont y perdre dans les années qui viennent. »

Sur le fond, c'est bien plus qu'une simple question de calendrier, estime de son côté le CESP. Ce dernier plaide pour « une évolution nécessaire de la finalité des classes du lycée général et technologique », tout en prévenant qu'elle sera « longue et difficile ». « Depuis des dizaines d'années, le programme et le baccalauréat constituent les boussoles des professeurs, alors qu'il faut de nouveaux repères : l'accès à l'enseignement supérieur et la formation tout au long de la vie. »

C'est toute « la culture professionnelle des enseignants » qu'il faut faire évoluer, ajoutent les auteurs du rapport, pour que « la finalité du lycée général et technologique [soit] la préparation des lycéens à l'enseignement supérieur », et non plus seulement au bac. « La boussole, ce n'est plus le bac maintenant, c'est l'enseignement supérieur », résume Catherine Moisan.

Marie-Christine Corbier

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