Publicité
Décryptage

Réforme du collège : Gabriel Attal tente de rassurer sans convaincre

Le Premier ministre a essayé d'apaiser les craintes des chefs d'établissement sur la mise en oeuvre de la réforme du collège et des fameux « groupes de niveau », ce jeudi, lors d'un déplacement dans un collège de Chartres. Mais les contestations restent fortes.

Gabriel Attal s'est rendu ce jeudi à Chartres avec la ministre de l'Education, Nicole Belloubet.
Gabriel Attal s'est rendu ce jeudi à Chartres avec la ministre de l'Education, Nicole Belloubet. (GUILLAUME SOUVANT/AFP)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 14 mars 2024 à 18:59Mis à jour le 14 mars 2024 à 19:49

Les élèves qui entreront en sixième ou en cinquième en septembre prochain passeront la majorité de leurs cours de français et de mathématiques dans des groupes, déterminés en fonction de leur niveau après les évaluations nationales de septembre. Dans ces matières, ils se retrouveront en classe entière pendant une à dix semaines - ce sera variable selon les établissements -, soit un tiers de l'année au plus.

C'est ce qu'a annoncé ce jeudi Gabriel Attal, lors d'un déplacement dans un collège de Chartres avec la ministre de l'Education nationale, Nicole Belloubet, alors que les contestations quant à la mise en place du « choc des savoirs », présenté en décembre dernier lorsqu'il était ministre de l'Education nationale, restent fortes.

Visioconférence avec les 10.000 chefs d'établissement

Gabriel Attal a organisé, depuis Chartres, une visioconférence avec les 10.000 chefs d'établissement, véritables « pilotes » de la réforme, mais sans réussir à faire taire les critiques. Elles portent d'abord sur le principe même de la mesure et le risque de tri social. « Vous imaginez qu'un élève pourrait passer toute sa scolarité de collège dans le groupe des mauvais élèves, en français et en mathématiques ? » alerte Frédéric Marchand, de l'Unsa Education.

Publicité

« Je me suis posé la question de la stigmatisation, a répondu Gabriel Attal. C'est en fait déjà le cas aujourd'hui lorsqu'un élève arrive en sixième avec des difficultés et qu'il ressort du collège en troisième en étant toujours en difficulté, a-t-il estimé. Certains n'osent même plus poser de questions en classe, de peur de se ridiculiser. »

« De la souplesse »

Gabriel Attal a promis « de la souplesse » dans la mise en oeuvre. « Vous êtes libres », a aussi lancé Nicole Belloubet aux enseignants du collège de Chartres. Les textes à paraître samedi devraient explicitement « faire confiance au discernement des équipes pédagogiques ».

Les élèves pourraient, selon les collèges, se retrouver en classe entière en septembre et en juin, ou bien en septembre, décembre et juin. La conjugaison des groupes et du « brassage » durant une à dix semaines dans l'année permettra d'éviter ce « tri social », a assuré Nicole Belloubet. Aux chefs d'établissement, elle a promis l'appui des inspecteurs, et aux enseignants, deux demi-journées en juin pour s'organiser.

Si on se rend compte que dans tel établissement, dans telle académie, il y a besoin d'un peu de postes supplémentaires parce qu'il y a plus d'élèves en difficulté, évidemment on sera au rendez-vous.

Gabriel Attal Premier ministre

La ministre ne nie pas que ce sera « compliqué ». Tous les professeurs de mathématiques et de français d'un même collège devront s'accorder pour avancer au même rythme dans leurs cours, afin qu'un élève puisse facilement passer d'un groupe à l'autre.

« Cela va trier les élèves et les enfermer dans leurs résultats », redoute Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, principal syndicat du second degré, qui plaide pour des petits groupes d'élèves avec des niveaux différents « pour les stimuler ».

« Les TP de sciences et les langues rares vont disparaître »

Les réticences restent aussi palpables sur les moyens. « Les TP [travaux pratiques] de sciences et les langues rares vont disparaître, nous n'aurons plus les moyens de les financer », alerte un principal. « Pour élever le niveau, encore faut-il avoir des enseignants devant les élèves », grince un autre.

L'exécutif mise sur « la souplesse » et « l'autonomie » des établissements. Mais cette autonomie est « bien ténue », déplore Sylvie Perron du SGEN-CFDT, qui critique « le principe de la séparation des élèves pendant 35 % de leur temps, alors que l'hétérogénéité des classes est le ciment de la pédagogie ».

La semaine dernière, Gabriel Attal avait indiqué qu'il n'excluait pas de rajouter « un peu » de moyens. Après les 2.300 postes annoncés en décembre, et jugés insuffisants par les chefs d'établissement, il n'a rien annoncé de concret ce jeudi. « Si on se rend compte que dans tel établissement, dans telle académie, il y a besoin d'un peu de postes supplémentaires parce qu'il y a plus d'élèves en difficulté, évidemment on sera au rendez-vous », a-t-il seulement indiqué.

Publicité

Interrogé sur d'éventuelles divergences avec la ministre de l'Education nationale, qui a toujours soigneusement évité d'utiliser le terme de « groupe de niveau » tant il concentre les contestations, Gabriel Attal assure qu'il n'en est rien. « Qu'importe le flacon, pourvu qu'il y ait la mesure, rétorque-t-il. J'ai toujours parlé de groupes de niveau qui correspondent aux besoins des élèves. La ministre parle de groupes de besoins pour élever le niveau des élèves. On est assez raccord sur la mesure, l'objectif est de faire progresser tout le monde. »

Marie-Christine Corbier

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité