Entre l’annonce fracassante de la création de « groupes de niveau » au collège, en décembre 2023, et la publication des textes officiels définissant les véritables contours de cette réforme, il aura fallu plus de trois mois et d’intenses tractations politiques. Le cadre réglementaire posé par un arrêté publié dimanche 17 mars au Journal officiel puis par une note de service parue lundi, met fin à la confusion sur la future organisation des cours de français et de mathématiques au collège, objet depuis cinq semaines d’une communication gouvernementale dissonante entre un premier ministre à l’origine de la réforme, Gabriel Attal, et celle qui lui a succédé à l’éducation nationale, Nicole Belloubet.
C’est désormais officiel : il n’est pas question de « groupes de niveau » dans les textes, qui n’instaurent qu’une organisation « en groupes » dits « de besoins » dans la note de service. C’est donc le vocable défendu par Nicole Belloubet qui devient la règle, même si, de sources syndicales, Matignon souhaitait que la note de service fasse mention de l’expression « groupes de niveau » chère à Gabriel Attal – et qu’il continue d’employer.
« La composition des groupes s’appuie sur l’analyse par le chef d’établissement et les équipes pédagogiques des besoins spécifiques de chaque élève », énonce la note de service, qui précise que « ces groupes peuvent porter sur différents aspects : l’un des domaines des évaluations nationales, une partie du programme ainsi que des compétences plus transversales, par exemple la capacité à se concentrer, à mémoriser ou à organiser son travail. » Le texte insiste sur « la confiance dans les équipes pédagogiques “et” la souplesse dans l’organisation et la mobilisation de l’ensemble des personnels concernés ». Les groupes, qui devront être « réexaminés » toute l’année, ne seront pas non plus obligatoires sur toutes les heures de mathématiques et de français, les équipes pouvant réunir les élèves dans leur « classe de référence » jusqu’à dix semaines par an.
Refus du « tri social »
Ces textes portent la marque des négociations politiques dont ils ont fait l’objet jusque dans les derniers jours avant leur publication, donnant le « tournis » aux acteurs de l’école. L’organisation retenue n’est pas celle que dessinaient les textes soumis – et unanimement rejetés – au Conseil supérieur de l’éducation le 8 février, jour de la nomination de Nicole Belloubet Rue de Grenelle. Cette première version instaurait explicitement des « groupes de niveau » sur la totalité des heures de français et mathématiques en 6e et en 5e dès septembre, puis en 4e et en 3e en 2025.
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