Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« La route conserve sa puissance symbolique, c’est elle que bloquent les mouvements de contestation »

Spécialiste des questions de transport, l’historien Louis Baldasseroni estime, dans un entretien au « Monde », que « l’Etat tend à se désengager de la construction comme de l’entretien » des axes routiers.

Propos recueillis par 

Publié le 17 mars 2024 à 05h30, modifié le 18 mars 2024 à 10h51

Temps de Lecture 2 min.

Article réservé aux abonnés

Louis Baldasseroni est maître de conférences en histoire contemporaine à Nîmes, auteur d’Histoire des transports et des mobilités en France. XIXe-XXIe siècles (Armand Colin, 2022).

De quelle époque date-t-on le réseau routier moderne ?

Louis XV crée en 1716 le corps des ingénieurs des ponts et chaussées et, en 1747, l’Ecole royale des ponts et chaussées, au sein de laquelle les ingénieurs forment leurs pairs. Les pratiques d’aménagement, ainsi harmonisées, aboutissent à la construction d’un réseau routier unifié, qui garantit à chaque région une desserte routière. Au XVIIIe siècle, les Cassini, famille de cartographes, répertorient les routes royales, qui deviendront routes impériales puis nationales.

Cette logique d’équité territoriale est-elle toujours en vigueur aujourd’hui ?

Elle a irrigué la construction des routes jusqu’au milieu du XXe siècle. Mais, à partir des « trente glorieuses », sur le modèle américain, la France s’est mise, avant de construire des routes, à calculer leur rentabilité économique en s’appuyant sur le dénombrement du trafic et son évolution.

Comment définit-on les autoroutes, qui se sont généralisées après-guerre ?

Selon la loi du 18 avril 1955, ces voies ne comportent pas de croisement à niveau, les deux sens de circulation sont séparés et les véhicules lents en sont exclus. La loi prévoit la possibilité d’instituer des péages pour les financer. Les premiers projets datent des années 1920 et 1930, mais on estime que le premier tronçon a été mis en service en 1941. Elles ont accompagné les grandes opérations à vocation touristique de l’Etat aménageur, dans le Languedoc ou vers les stations de ski des Alpes. En Bretagne, il s’agissait aussi de garantir l’accès des produits de la mer au marché d’intérêt national de Rungis.

Quels sont les impacts du réseau routier à long terme ?

Outre le développement du tourisme, on a constaté une augmentation des déplacements domicile-travail. Car, si le temps de transport n’a pas bougé depuis cent ans, le renforcement du réseau routier s’est traduit par une augmentation des distances. Cette politique a également contribué à la métropolisation et justifié le déclin du fret ferroviaire.

Peut-on considérer qu’on n’a plus besoin de nouvelles routes aujourd’hui ?

Non, car la question de l’équité territoriale demeure. Si on se réfère au plan des années 1960 et 1970, il reste des barreauxroutiers à aménager. Des régions, notamment dans le Massif central, sont toujours décrites comme à désenclaver. En outre, la route conserve sa puissance symbolique. C’est la route que bloquent les mouvements de contestation, comme l’ont fait les agriculteurs cet hiver.

Il vous reste 33.17% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.