« Paris n’est pas fait pour les personnes célibataires. Seule, vous ne trouverez jamais. Allez chez Leroy-Merlin ou sur Tinder, mais trouvez-vous un concubin ! » Marine, développeuse de 28 ans, touchant un salaire de 2 700 euros par mois, a cru rêver lorsqu’un agent immobilier s’est permis de lui donner des leçons de vie pour réussir à se loger plus facilement dans la capitale. Il lui aura fallu quatre mois pour trouver, seule donc, un logement décent à Courbevoie (Hauts-de-Seine), faute de trouver dans Paris intra-muros.
Les conditions d’accès imposées par les bailleurs sont, en effet, particulièrement défavorables aux jeunes. « Demande de cautions importantes, avance de plusieurs mois de loyer… La dégradation des voies d’entrée des jeunes sur le marché du travail, avec le développement des contrats précaires, accentue l’exigence des bailleurs, qui renforce la vulnérabilité des jeunes face à l’accès au logement autonome », explique la sociologue Emmanuelle Maunaye, spécialiste de l’évolution des migrations et de l’insertion sociale des jeunes. A Paris intra-muros et dans la petite couronne, un agent immobilier peut recevoir jusqu’à 300 réponses en quelques heures à une offre postée en ligne, tant le marché est congestionné. Dans ce contexte, difficile de ne pas envisager de mutualiser les dépenses.
Lola (qui a préféré rester anonyme), jeune journaliste indépendante de 23 ans, a récemment compris qu’elle pouvait gagner en confort en s’installant sous le même toit que son partenaire. Alors qu’elle vivait seule dans une sorte de « cabanon de jardin », dans le 14e arrondissement de Paris, son compagnon depuis quatre ans a quitté sa chambre de bonne de 9 mètres carrés dans le 16e arrondissement, avec un loyer de 600 euros par mois, pour la rejoindre. En période d’inflation, Lola a ainsi découvert le « luxe » de partager les frais de son 18 mètres carrés avec mezzanine (900 euros par mois) et de diviser les charges et les courses. Depuis, le couple a trouvé un deux-pièces bien plus confortable à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) : « C’était clairement vivre ensemble ou habiter à une heure de Paris ! »
Lola raconte avoir bien réfléchi avant de prendre la décision de vivre avec son conjoint, ayant vu nombre de couples se briser après avoir emménagé ensemble : « J’en ai vu se séparer à coups d’huissier de justice et de gendarme, c’est flippant ! » Si elle et son compagnon avaient eu le choix, peut-être seraient-ils restés chacun de leur côté un peu plus longtemps. Cette juriste de formation craint qu’en cas de rupture elle perde en qualité de vie et doive renoncer à sa vie parisienne.
Il vous reste 51.88% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.