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Jean-Michel Blanquer lance avec Veolia des « écoles territoriales » pour accélérer les formations à la transition écologique

L'ancien ministre de l'Education nationale a inauguré lundi, à Arras, un nouveau concept d'« école » qui va proposer des formations tous azimuts, du CAP au master, pour répondre aux 400.000 emplois à pourvoir en matière de transition écologique d'ici à 2030.

Un atelier photovoltaïque et ses métiers, présenté lundi à Arras avec la Maison de l'Emploi et des Métiers en pays d'Artois.
Un atelier photovoltaïque et ses métiers, présenté lundi à Arras avec la Maison de l'Emploi et des Métiers en pays d'Artois. (DR)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 18 mars 2024 à 17:33Mis à jour le 18 mars 2024 à 18:13

C'est « plus qu'une école » ou « un peu autre chose qu'une école », glisse Jean-Michel Blanquer. Depuis Arras, l'ancien ministre de l'Education nationale a inauguré lundi le premier « campus » porté par l'association Terra Academia qu'il préside, une « école » créée avec l'appui de Veolia, pour mettre en place un réseau de campus dans quinze villes moyennes.

« Ce n'est pas une école de Veolia pour Veolia », précise Estelle Brachlianoff, sa directrice générale. Terra Academia a vocation à associer des acteurs académiques, des entreprises, des acteurs de l'emploi locaux et des élus pour, dans un premier temps, faire « un diagnostic » écologique propre à un territoire. « La différence entre l'état des compétences présentes et l'état des compétences nécessaires fera notre programme de formations », explique Jean-Michel Blanquer.

Pour répondre aux besoins des entreprises et à la pénurie de main-d'oeuvre, Terra Academia envisage de porter des formations de tous types - initiale ou continue, du CAP au master -, soit avec les acteurs académiques existants, soit en propre en vendant ses propres formations. Les 300 m2 de locaux du site d'Arras n'ont vocation qu'à accueillir de petits groupes de 40 personnes. L'essentiel des formations sera délocalisé, dans des universités, des grandes écoles ou des CFA locaux.

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« Le spectre est très large », soulignent les concepteurs du projet. Il embrasse toute la problématique de la transformation écologique. « On connaît les solutions, les méthodes et les techniques pour supprimer plus des deux tiers des problèmes environnementaux et de manière raisonnablement abordable, justifie Antoine Frérot, PDG de Veolia. Mais encore faut-il avoir les compétences et les ressources humaines pour le faire. »

Ce n'est « pas un sujet de moyens - les dispositifs existent - mais d'appétence des jeunes pour l'industrie », appuie-t-on au sein du Medef des Hauts-de-France. « Quand on regarde les classes de bacheliers professionnels sur Dunkerque, par exemple, les classes ouvrent en seconde avec 70 % de capacités et on perd la moitié des jeunes entre la seconde et la terminale parce qu'ils décrochent, explique Guy Drobinoha, responsable emploi formation du Medef Hauts-de-France. Et, parmi les diplômés, à peu près la moitié ne rejoignent pas l'industrie.» Les attentes du Medef portent sur « la sensibilisation des jeunes, pour qu'ils aient au moins envie de découvrir ces métiers-là », Terra Academia pouvant alors, à leurs yeux, être « au moins un facilitateur de la relation école-entreprise ».

« Un projet qui fera des émules »

Et la pénurie est une problématique nationale. « D'ici la fin de la décennie, la France aura besoin de 400.000 emplois » dans les secteurs de l'eau, des déchets ou autres, insiste Christophe Béchu. Le ministre de la Transition écologique est intervenu dans un message vidéo pour soutenir un « projet d'intérêt général [qui] fera des émules partout ». Pour « réindustrialiser » le pays, il faut « se préoccuper des ressources humaines et des compétences », poursuit le ministre.

Terra Academia entend former 60.000 personnes d'ici à 2030 et « sensibiliser » 100.000 jeunes aux métiers de la transformation écologique. L'association vise une implantation dans toutes les régions de France d'ici cinq ans et un déploiement international dans les deux années à venir. A côté de Veolia, « locomotive » du projet comme l'explique Jean-Michel Blanquer, d'autres entreprises de tailles diverses ont commencé à rejoindre le projet, à l'instar de Dassault Systèmes ou EDF.

Un bachelor « pas cher »

En matière d'enseignement supérieur, Terra Academia a commencé à s'impliquer dans un master 2 avec les universités CY et Gustave Eiffel sur les enjeux de l'eau, de même que dans une licence professionnelle sur la décarbonation, et envisage de créer un bachelor de la transformation écologique à l'horizon 2025 qui ne sera « pas cher », assure Jean-Michel Blanquer. L'Essec ou l'IMT (Institut Mines-Télécom) sont d'autres partenaires de Terra Academia.

A l'heure où l'enseignement supérieur privé lucratif alimente les inquiétudes, Terra Academia entend s'appuyer sur des scientifiques reconnus, à travers un comité scientifique et un Institut des hautes études de la transformation écologique (IHETE), d'Anne-Lucie Wack (directrice générale de l'Institut Agro et ancienne présidente de la Conférence des grandes écoles) à François Gemenne (HEC Paris), en passant par Denis Guibard (ancien directeur général d'IMT business school) ou Jean-Marie Tarascon (Collège de France).

L'Institut mènera un travail de recherche et de prospective en lien avec la transformation écologique. « Ce travail sera systématiquement orienté vers les métiers et les compétences, souligne Denis Guibard, directeur scientifique et académique de Terra Academia. Si on part de recherches sur la biodiversité dans les océans, ce sera pour observer les conséquences sur les métiers des marins pêcheurs, explique-t-il. Si on s'intéresse au recul du trait de côte sur le littoral, ce sera par exemple pour se pencher sur les conséquences pour les urbanistes et les architectes, en termes de métiers et donc de besoins de formations. »

Sur le plan budgétaire, l'association à but non lucratif reçoit des cotisations de ses entreprises membres mais compte aussi sur des subventions publiques régionales, nationales voire européennes. Elle a notamment déposé un dossier dans le cadre de l'appel à manifestation d'intérêt « compétences et métiers d'avenir » du plan France 2030 , dont le résultat est attendu cet été.

Marie-Christine Corbier

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