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Stages de seconde : Nicole Belloubet appelle les entreprises à la « mobilisation générale »

Pour conjurer le manque d'offres de stages pour les 560.000 élèves de seconde générale et technologique, le gouvernement a ouvert un site Internet. Les élèves devront « restituer » le fruit de leur stage devant leur classe de première, annonce la ministre de l'Education nationale Nicole Belloubet.

Une quarantaine de grandes entreprises étaient présentes, la semaine dernière, au Conseil économique, social et environnemental (Cese), à Paris, pour rencontrer des lycéens d'Ile-de-France.
Une quarantaine de grandes entreprises étaient présentes, la semaine dernière, au Conseil économique, social et environnemental (Cese), à Paris, pour rencontrer des lycéens d'Ile-de-France. (Marie-Christine Corbier pour « Les Echos »)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 22 mars 2024 à 06:00

Parmi ses trente-cinq élèves de seconde, seuls cinq ont trouvé un stage. Cette enseignante du Val-d'Oise s'est rendue, la semaine dernière, avec sa classe, au Conseil économique, social et environnemental (Cese), à Paris, où l'Association française des entreprises privées accueillait une quarantaine de membres et 250 lycéens d'Ile-de-France, pour les aider à trouver un stage.

En octobre, l'ex-ministre de l'Education nationale Gabriel Attal avait annoncé un stage obligatoire en classe de seconde , du 17 au 28 juin prochains. A moins de trois mois de l'échéance, des familles et des élèves s'inquiètent de ne pas avoir trouvé de stage.

« Le gouvernement veut renforcer les partenariats entre les établissements scolaires et les entreprises, et les entreprises de l'Afep s'y sont engagées résolument », a assuré sa présidente Patricia Barbizet. Les entreprises doivent déposer leurs offres de stages sur le site 1jeune1solution , qui seront accessibles à partir du 25 mars.

Accueillir 560.000 stagiaires en même temps - à la différence du stage de 3e, échelonné sur l'année -, c'est énorme, confient des chefs d'entreprise. « Certaines ont des sites dangereux sur lesquels il est exclu de prendre des stagiaires, d'autres ne sont pas accessibles en transports en commun, c'est compliqué », glisse un responsable du Medef. Son président, Patrick Martin, a pourtant assuré que son organisation serait « surmobilisée » .

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La ministre de l'Education nationale, Nicole Belloubet, se félicite que ces stages ouvrent « une nouvelle page de la découverte des métiers », engagement de campagne d'Emmanuel Macron. Et se dit ravie de voir que « le fleuron des entreprises - Airbus, Crédit Agricole, L'Oréal et tant d'autres » répondent à l'appel.

« Les frontières s'estompent entre deux mondes, la scolarité ne doit pas être une parenthèse dans la vie d'un jeune sans aucune porosité avec le monde professionnel », a-t-elle insisté en indiquant à la surprise générale : « Deux semaines de stage, c'est un début. D'autres pays n'ont pas peur d'avoir développé cette construction d'un parcours professionnel de façon parfois plus ambitieuse que nous, ce sont parfois trois ou quatre semaines de stages qui sont offertes à des jeunes de votre niveau dans des pays proches de nous. »

Une « restitution » variable selon les établissements

Pour que les 560.000 jeunes de seconde trouvent un stage, il faudra que toutes les entreprises s'engagent et « pas seulement les plus grandes, glisse un expert du sujet. Le problème, c'est qu'à l'Education nationale, avec les changements de ministres, il ne s'est rien passé depuis trois mois. »

« On ne donnera pas de chiffre, on risquerait de se prendre les pieds dans le tapis », lâche une autre source, sous couvert d'anonymat. En attendant, Nicole Belloubet appelle à « une mobilisation générale de toutes les entreprises ». La ministre a aussi annoncé, au Cese, que les élèves auraient à « restituer » l'exploitation de leur stage « face à [leurs] camarades, en classe de première ». « L'exploitation de ce stage [pourra] varier selon chaque établissement », précise-t-elle aux « Echos ». Selon nos informations, une circulaire devrait être publiée la semaine prochaine.

Deux semaines de stage, c'est un début. D'autres pays n'ont pas peur d'avoir développé cette construction d'un parcours professionnel de façon parfois plus ambitieuse que nous, ce sont parfois trois ou quatre semaines de stages qui sont offertes à des jeunes de votre niveau dans des pays proches de nous.

NICOLE BELLOUBET Ministre de l'Education nationale

D'autres s'interrogent quant au contenu. « Rien n'a été pensé ! reprend l'expert précité. Or si certains jeunes font un stage pourri parce qu'ils s'y ennuient, ce sera contre-productif ». Chez TotalEnergies, on rassure : « Un tiers du stage se fera en mode 'vis ma vie' avec le tuteur, avec des visites de sites et des temps partagés avec les collaborateurs de l'entreprise pour échanger sans tabou. » Marie-Christine Coisne-Roquette, présidente de Sonepar, leader de la distribution de matériels électriques, indique que « tous les soirs, un premier rapport d'étonnement et d'observation sera fait avec le responsable du stage », pour que les élèves « repartent éclairés et séduits par l'entreprise ».

« J'ai besoin de vous »

Avec ce stage, les entreprises veulent attirer les jeunes vers leurs métiers. « Dans les dix à quinze ans, un million de jobs vont ouvrir dans l'industrie, affirme le ministre délégué en charge de l'Industrie et de l'Energie, Roland Lescure. J'ai besoin de vous pour développer les industries du futur ! » Il vante un secteur industriel qui « paie bien, permet de voyager et de faire des carrières fantastiques ».

Dans les lycées, les chefs d'établissement font au mieux. « Il y aura forcément des gamins qui n'auront rien, prédit Bruno Bobkiewicz, à la tête du principal syndicat de chefs d'établissement, le SNPDEN. Quand un parent m'interroge sur les élèves qui n'auraient pas de stage, je lui réponds qu'il ne se passera rien… Que voulez-vous que je lui dise ? Qu'il va redoubler ? Qu'il va avoir zéro à son premier contrôle de maths à la rentrée ? » Le SNPDEN s'inquiète, comme d'autres syndicats, d'un risque de concurrence avec les stages des lycéens professionnels qui, à la différence des élèves de seconde générale et technologique, sont obligatoires pour valider un diplôme.

D'autres questions se posent, comme celle d'accepter ou non un job saisonnier. Ceux qui font un job d'été n'auront « pas besoin de faire un stage en plus », avait annoncé Gabriel Attal mi-novembre. Le ministère n'a rien précisé depuis.

Marie-Christine Corbier

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