« Scandales et défaillance de l’Etat : les dossiers noirs du handicap », sur M6 : une enquête de « Zone interdite » sur la prise en charge des personnes handicapées en France

M6 - DIMANCHE 24 MARS À 21 H 10 - DOCUMENTAIRE

Pénurie de personnels, équipes non qualifiées, manque de structures d’accueil, graves carences éducatives, soupçons de maltraitance… C’est une accablante série de défaillances de l’Etat dans la prise en charge des personnes en situation de handicap en France que dénonce cette enquête. Elles sont 12 millions à être concernées, soit près d’un Français sur cinq, ce qui ferait du handicap « la première cause de discrimination » dans notre pays, dit la voix off.

« Nous avons donné la parole à ceux que l’on n’entend jamais », expliquent les auteurs : les porteurs de handicap, bien sûr – encore faut-il qu’ils soient en capacité de témoigner –, mais aussi leurs familles, « nombreuses à se sentir abandonnées », ainsi que les personnels chargés de leur éducation ou de leurs soins.

A travers l’expérience poignante de Chloé, une fillette de 11 ans atteinte de déficience intellectuelle, les mirages de l’« école inclusive » sont mis en lumière. Pour infiltrer le milieu scolaire, une journaliste s’est fait recruter par l’éducation nationale comme « accompagnant des élèves en situation de handicap » (AESH), des encadrants qui aident les enfants durant les cours. Précarité, faible rémunération, conditions de travail difficiles… bien qu’indispensables à l’inclusion scolaire, ils font cruellement défaut. Des centaines de postes sont à pourvoir.

Réflexions blessantes

Le reportage en caméra cachée révèle une réalité confinée, d’ordinaire, dans l’enceinte de l’école. Une « désorganisation totale » du collège concerné, en l’occurrence : douze élèves en situation de handicap ont dû attendre plusieurs semaines avant qu’arrive un professeur spécialisé en classe ULIS (unité localisée pour l’inclusion scolaire). Les candidats, là encore, se font rares pour enseigner dans ces dispositifs adaptés au niveau des élèves handicapés. Résultat, en classe ordinaire, Chloé décroche, se replie sur elle-même. Et quand l’enseignante « spécialisée » arrive enfin… elle semble avoir d’autres priorités que de faire classe aux enfants, à qui elle distille des réflexions blessantes. « Je veux être morte », déclare Chloé, sans que personne s’en inquiète ! Sauf l’AESH… à qui la directrice de l’école conseille de taire la vérité aux parents.

Le documentaire pointe ensuite le manque de places dans des structures spécialisées, leur insalubrité parfois. Aujourd’hui, trente mille enfants et leur famille sont laissés sans solution en France, réduits à vivre en vase clos. Il manquerait, par ailleurs, cinquante mille soignants dans ces instituts spécialisés, d’où les tragiques dérives dévoilées ici.

Ainsi Sandrine, qui élève seule son fils Arthur, 7 ans, atteint d’autisme sévère. Depuis des années, elle demande une place dans un institut spécialisé et menace, en désespoir de cause, de s’enchaîner devant l’agence régionale de santé. Quant aux parents de Gaétan, un jeune homme autiste de 27 ans, ils ont saisi la justice pour maltraitance envers leur fils, hébergé dans un foyer : à la suite d’un probable surdosage médicamenteux, il a passé plusieurs semaines en réanimation. De surcroît, il présentait une importante fracture à l’épaule, et ses parents ont trouvé un gant dans ses couches.

Jusqu’à quel point ces dramatiques carences sont-elles représentatives de la prise en charge du handicap en France, cette boîte noire où règne l’omerta ? Et surtout, comment y remédier ?