École universitaire de recherche en sciences infirmières : une première en France

La toute première école universitaire de recherche (EUR) en sciences infirmières, destinée aux étudiants en master et doctorat, vient d'ouvrir à l'université Sorbonne-Paris Nord. Une première en France et une nouvelle étape dans la construction de cette discipline à l'université.

École universitaire de recherche en sciences infirmières : une première en France

© fizkes / ShutterStock

La terminologie « école universitaire de recherche » ne sonne peut-être pas de manière très familière aux oreilles des infirmiers mais l'ouverture d'une « école » de ce type dédiée aux sciences infirmières en promotion de la santé (EUR SIePS) constitue un événement dans la construction de la jeune filière universitaire des sciences infirmières.

Ces écoles ont vu le jour dans plusieurs disciplines depuis 2017 « pour pousser les universités à l'excellence en matière de recherche en permettant à des laboratoires de recherche (universitaires, NDLR) de se fédérer sur le modèle des "graduate schools" » d'Amérique du Nord, indique Aurore Margat, directrice de cette nouvelle EUR.

Cette nouvelle école est ainsi partenaire du laboratoire Éducations et promotion de la santé (LEPS) de la chaire Recherche en sciences infirmières (avec l’AP-HP) et de la chaire universitaire de recherche sur l’engagement des patients.

Une grande autonomie

Contrairement aux départements universitaires, plus axés sur la formation (qui existent dans les sciences infirmières), et aux laboratoires de recherche axés sur des sujets précis (qui n'existent pas dans la discipline infirmière), les écoles universitaires de recherche mettent la recherche au cœur des travaux, en master comme en doctorat. Surtout, elles jouissent de la même autonomie que les Unités de formation et de recherche (UFR), qui regroupent des départements et des laboratoires.

L'EUR de sciences infirmières jouit donc d'une « autonomie pour la discipline qu'on ne retrouve nulle part ailleurs en France », souligne Aurore Margat. Les EUR sont en effet autonomes dans la gestion de leurs programmes, le recrutement de leurs étudiants et le choix des sujets de recherche.

La différence, pour les étudiants, n'est pas anecdotique. Jusqu'à présent, rappelle la directrice, « les étudiants en doctorat poursuivaient leurs études dans des laboratoires qui n'étaient pas dans les sciences infirmières mais la santé publique ou les sciences de l'éducation, par exemple ».

C'était déjà une avancée appréciable mais ils devaient s'adapter aux thèmes de recherche de ces laboratoires, parfois un peu éloignés des préoccupations infirmières. Dans cette nouvelle école, les doctorants ne dépendent d'aucun laboratoire et peuvent mener des travaux de recherche directement sur les sciences infirmières appliquées à la promotion de la santé.

La manière d'apporter des réponses aux besoins de promotion de la santé des personnes et des populations constitue l'axe des recherches qui peuvent être menées au sein de l'école.

Trois grands thèmes ont été définis : la théorie et les modèles en sciences infirmières visant à soutenir le développement des aptitudes individuelles et le pouvoir d'agir individuel et collectif, l'intervention infirmière et la construction d'environnements favorables à la santé et enfin la transformation des systèmes de santé et l'autonomie professionnelle.

Masters et doctorats

Quatre thèses initiées très récemment sont menées dans le cadre de l'EUR, indique Aurore Margat. La première porte sur la littératie et la coordination novatrice dans les parcours de prévention des cancers ORL, une autre se penche sur la construction d'un modèle d'éducation thérapeutique sur la tuberculose dans une approche sud-nord (avec la République démocratique du Congo) et deux se déroulent autour de l'Académie populaire de santé du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, l'une sur l'évaluation du dispositif des ambassadeurs santé et l'autre sur le développement de la littératie en santé de ces ambassadeurs. « D'autres candidatures sont en cours d'examen et celles qui seront retenues pourront démarrer en septembre », ajoute la directrice.

L'UER chapeaute aussi des diplômes de second cycle, dont certains existaient avant sa création : les masters en recherche et innovation en soins, en ingénierie des formations en santé, en qualité et sécurité des parcours de soins et le DE IPA mentions maladies chroniques stabilisées, psychiatrie-santé mentale et urgences. D'autres masters pourront être construits par la suite.

Une autre spécificité de cette EUR réside dans le fait que ses responsables (ainsi que les doctorants actuels) sont tous de formation infirmière. Ce n'est pas une obligation mais, surtout, dans cette période de démarrage, cela confère une valeur ajoutée indéniable aux projets. Pour Aurore Margat, « c'est important d'encourager la promotion de ceux qui viennent du monde infirmier » et c'est cohérent avec l'objectif des travaux de recherche : avoir des retombées sur la pratique infirmière.

Géraldine Langlois

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