Décryptage

Sur Parcoursup, les candidats en réorientation ont-ils les mêmes chances que les néo-bacheliers ?

Les étudiants en réorientation étaient 163.000 sur Parcoursup en 2023.
Les étudiants en réorientation étaient 163.000 sur Parcoursup en 2023. © Adobe Stock/Nuthawut
Par Marine Ilario, publié le 21 mars 2024
6 min

INFOGRAPHIES. Sur Parcoursup, il n’existe officiellement aucune distinction dans le traitement des dossiers quels que soient les profils des candidats. Dans la réalité, selon les formations, les candidats en réorientation ont plus ou moins de chance de les intégrer.

Sur Parcoursup, plus de 600.000 candidats sont lycéens. Mais la procédure est aussi ouverte à d’autres profils comme les personnes en reprise d’étude (ils étaient 87.000 en 2023) ou encore les étudiants en réorientation (163.000 en 2023).

S’il n’existe officiellement aucune différence de traitement entre les candidats en réorientation et les néo-bacheliers, dans certaines formations, ces derniers sont davantage représentés que dans d’autres.

Point méthodologique

Les données 2023 de Parcoursup ne font pas de distinction entre les candidats en reprise d’études et ceux en réorientation. Ils sont tous intégrés dans la dénomination "Autres candidats". En 2023, 163.000 candidats étaient en réorientation et 87.000 en reprise d’études. On peut donc considérer que dans les pourcentages afférents aux "Autres candidats", un peu plus de la moitié sont des candidats en réorientation.

Les candidats en réorientation moins bien lotis dans certaines formations

Selon les données de la session 2023 de Parcoursup, les candidats en réorientation reçoivent moins de propositions d’admission des formations du supérieur que les candidats néo-bacheliers.

En BTS, par exemple, si 32% des néo-bacheliers qui ont émis un vœu dans cette formation ont reçu une proposition d’admission, les autres candidats n’étaient que 11% à en recevoir au moins une. Même chose en PASS (21% contre 14%), en IFSI (33% contre 24%) ou encore en BUT (31% contre 24%).

En revanche, en licence, l’équilibre est presque atteint entre les différents candidats qui reçoivent de manière quasi équivalente une proposition d’admission. Concrètement, 51% des néo-bacheliers ont reçu une proposition en licence contre 46% des autres candidats.

C’est dans les formations du travail social que la tendance s’inverse. Dans ces filières, 46% des candidats en réorientation recevaient une proposition de formation contre 33% des néo-bacheliers.

Les dossiers des étudiants en réorientation désavantagés sur Parcoursup ?

Mais alors comment expliquer que parfois, les candidats en réorientation ne reçoivent pas toujours autant de propositions d’admission que les néo-bacheliers ? La réponse se trouve peut-être du côté du dossier de ces candidats.

Si les candidats néo-bacheliers voient une partie de leur dossier rempli par leur lycée d’origine (les notes de première et de terminale, ainsi que les appréciations des professeurs), les étudiants en réorientation ne bénéficient pas toujours de ces éléments.

S’ils se réorientent après un bac+ 1, les notes au lycée sont encore intégrées à leur dossier. À partir d’un bac+2, ces notes ne sont plus automatiquement remplies tout comme les informations concernant leurs parcours post-bac.

Le CESP (comité éthique et scientifique de Parcoursup), dans son sixième rapport, pointe cette difficulté pour les étudiants en réorientation. "Seul l’établissement d’origine peut entrer des informations certifiées sur Parcoursup et l’établissement d’origine, c'est le lycée et non les établissements d’enseignement supérieur", précise Gilles Roussel.

Le CESP préconise alors de "permettre aux établissements d’enseignement supérieur de devenir des ‘établissements d’origine’ dans Parcoursup et ainsi leur permettre d’intégrer des éléments certifiés sur le parcours des étudiants qui souhaitent se réorienter".

Des profils pourtant intéressants pour les formations

"Il faut valoriser ce qu’ils ont fait pendant leur année supplémentaire parce qu'actuellement, c'est comme s’ils n’avaient rien fait. Or, ils ont probablement acquis des crédits ECTS, développé des compétences qui peuvent être très intéressantes", précise Christian Cuesta, co-auteur du rapport.

En effet, pour de nombreuses formations, les dossiers d’étudiants en réorientation sont tout autant pris en considération que ceux des candidats lycéens. À l’université de Versailles – Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ), par exemple, "ces dossiers ne sont pas blacklistés de façon systématique. Je considère qu’on a le droit de se tromper, de mûrir, de revoir son projet et de construire autre chose. À partir du moment où le projet est argumenté et qu’on voit une sincérité et une honnêteté dans la démarche, ça ne me pose pas de problème", indique Loïc Josseran, doyen de l’UFR santé.

Pour Stéphane Bellard, vice-président orientation de la C3D Staps (conférence des directeurs et doyens), "nous avons des candidatures de personnes qui ont fait une ou deux années d’études supérieures. On essaye de comprendre ce qu’elles ont fait et si leur parcours dans l’enseignement supérieur leur est profitable pour intégrer Staps".

Toutefois, le doyen reconnaît que si des quotas ne sont pas appliqués, "je suis vigilant à ce que le nombre de réorientés ne soit pas trop élevé, car je ne veux pas barrer la route à des néo-bacheliers, qui, très souvent, ont préparé ce projet d’études depuis le collège".

L’importance de la fiche de suivi

La politique vis-à-vis des étudiants en réorientation dépend souvent de la formation. Au sein de l’UFR de sciences sociales de l’UVSQ, les positions ne sont pas toujours les mêmes selon les composantes. "En AES [administration économique et sociale, NDLR] les dossiers des étudiants en réorientation qui ont suivi une formation en droit, en économie ou en sociologie bénéficient par exemple d’un bonus alors qu’en éco-gestion ils sont traités de la même manière que les candidats néo-bacheliers", précise Maryse Bresson, directrice de l’UFR.

Ainsi, l’un des éléments les plus importants lorsque l’on est candidat en réorientation est de justifier de son parcours et d’expliquer son projet. Pour cela, vous pouvez vous appuyer sur une fiche de suivi.

Remplie par une structure d’orientation, elle peut faire la différence. Cette fiche de suivi vous permettra d’attester de ce que vous avez fait depuis l’obtention de votre bac et des compétences que vous avez acquises. Des éléments que vous pouvez aussi indiquer dans votre lettre de motivation.

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