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Climat : dans l'enseignement supérieur, 118 millions d'investissements pour rénover les bâtiments

Les ministres Thomas Cazenave et Sylvie Retailleau annoncent, dans un entretien aux « Echos », le résultat de l'appel à projets sur la rénovation des bâtiments énergétiques de l'Etat. Les 400 projets retenus pour l'enseignement supérieur et la recherche se répartissent entre établissements, organismes de recherche et résidences étudiantes.

Avec 10,8 millions d'euros, l'université d'Amiens Picardie Jules-Verne est l'un des plus gros bénéficiaires de l'appel à projets.
Avec 10,8 millions d'euros, l'université d'Amiens Picardie Jules-Verne est l'un des plus gros bénéficiaires de l'appel à projets. (Photopqr/Le Courrier Picard/Maxp)

Par Marie-Christine Corbier, Marie Bellan

Publié le 28 mars 2024 à 07:01

Comment continuer à investir dans les priorités à la jeunesse et à la transition écologique, après les coupes budgétaires du mois dernier ? Dans l'enseignement supérieur et la recherche, les économies annoncées à hauteur de 904 millions d'euros avaient eu l'effet d'un tremblement de terre.

Un mois après, le gouvernement s'apprête à annoncer, ce jeudi, le résultat de l'appel à projets sur la rénovation des bâtiments énergétiques de l'Etat autour d'un rendez-vous avec Gabriel Attal et plusieurs ministres. Sur les 550 millions d'euros prévus dans le budget 2024, 118 millions seront attribués à l'enseignement supérieur et la recherche, annoncent les ministres Thomas Cazenave (Budget) et Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur et Recherche), dans un entretien aux « Echos ». Les sommes seront réparties entre les universités et grandes écoles (80 millions), les organismes de recherche (5 millions) et le réseau des Crous (12 millions).

Un devoir d'« exemplarité »

L'appel à projets doit financer 400 projets, mêlant des travaux destinés à produire des effets rapides (72 établissements) et de la rénovation lourde (28 établissements). « On ne peut pas, d'un côté, demander à l'ensemble des étudiants de premier cycle de suivre un enseignement obligatoire en matière de transition écologique à partir de la rentrée 2025 et aux laboratoires de faire des efforts et, de l'autre, avoir au sein de nos campus des bâtiments qui ne correspondent pas à l'enjeu », justifie Sylvie Retailleau en parlant d'un devoir d'« exemplarité ».

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Les ministres rappellent les montants déjà engagés dans le cadre du plan de relance de 2020 (1,2 milliard pour l'enseignement supérieur et la recherche) et des contrats de plan Etat-région qui courent jusqu'en 2027 (1,2 milliard pour la seule contribution de l'Etat).

« Piloter les projets au regard de l'impact environnemental »

« Il faut sortir d'une présentation sur les enjeux de rénovation énergétique qui ne partirait que des montants investis, insiste toutefois Thomas Cazenave. La question doit être double : quel est le gain écologique ? Et, in fine, quel est le gain économique ? L'objectif n'est pas le nombre d'euros investis, mais bien le résultat en matière de transition énergétique. On doit piloter nos projets au regard de l'impact environnemental. La rénovation thermique des bâtiments est l'un des grands chantiers du siècle. »

Les 118 millions attribués aux établissements du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche permettront de réaliser « une économie d'énergie de 80 GWh, soit l'équivalent de la consommation d'une ville de 20.000 habitants et 17.000 tonnes de CO2 », assure-t-il. « Ce sont d'importantes économies d'énergie pour les universités, les organismes de recherche et les CROUS, ajoute Sylvie Retailleau. C'est bon pour le climat et pour leurs finances. »

Parmi les projets mis en avant par le ministère figure par exemple la réhabilitation du campus santé de l'université d'Amiens-Picardie Jules-Verne, où la rénovation de 4.430 m2 doit permettre des économies d'énergie estimées à près de 80 %. Ou la réhabilitation du Crous de l'université de Bordeaux, avec la rénovation de 300 logements étudiants et la reconstruction de 135 autres classés comme passoires thermiques.

« Aller chercher un effet de levier »

Ces 115 millions sont-ils à la hauteur de besoins estimés à environ 10 milliards ? Face à ce « mur d'investissements », « il faut aller chercher un effet de levier et des mécanismes innovants pour faire face aux besoins d'investissements », plaide Thomas Cazenave. C'est tout l'enjeu de l'expérimentation qui va être lancée avec l'université d'Aix-Marseille pour la réhabilitation du campus universitaire de Saint-Jérôme, pour un montant d'environ 100 millions d'euros, annonce-t-il avec Sylvie Retailleau.

Ce sera la première université à tester le contrat de tiers-financement prévu par la loi de mars 2023, un dispositif qu'avait porté Thomas Cazenave lorsqu'il était député. Le mécanisme doit permettre aux universités « de lisser dans le temps le paiement des travaux de rénovation énergétique et de faire coïncider l'échéancier des paiements avec la perception des économies d'énergie », se félicite Sylvie Retailleau. Contrairement aux partenariats public-privé, les universités conserveront la maîtrise d'ouvrage.

Encore faut-il avoir les équipes formées pour suivre ces travaux d'ampleur, avait alerté l'an dernier France universités. L'association de leurs présidents évoquait des difficultés de recrutement. « C'est vrai et c'est pour cela que l'on démarre avec celle d'Aix-Marseille, qui a une forte expérience en matière de patrimoine, ajoute la ministre. Il faut continuer à accompagner les universités dans cette professionnalisation. »

Et pourquoi ne pas accorder aux universités la possibilité d'un emprunt classique ? « Avec le mécanisme du tiers-financement, vous avez un seul opérateur qui fait les travaux, les finance, et s'engage sur les résultats concernant la performance énergétique. C'est gagnant-gagnant ! » vante Thomas Cazenave. Sylvie Retailleau rappelle toutefois que « des emprunts sont déjà possibles dans le cadre actuel auprès de la Banque européenne d'investissement ou de la Banque des Territoires ». La ministre n'exclut pas « une réflexion autour de l'emprunt » en lien avec les travaux en cours sur la dévolution du patrimoine et l'acte II de l'autonomie des universités.

Marie-Christine Corbier et Marie Bellan

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