La transition écologique est-elle au cœur des préoccupations des étudiants en écoles de commerce ? Pour la première fois, le Bureau national des étudiants en écoles de management (BNEM) a mené l’enquête. Le but : « évaluer la place des enjeux écologiques dans les choix des étudiants, que ce soit dans les choix d’école, de cours, d’association ou d’expérience professionnelle ». L’ambition est aussi d’interroger les étudiants « sur ce que leurs écoles effectuent actuellement en termes d’intégration des enjeux écologiques dans leur formation, afin de comprendre le niveau d’exigence des étudiants quant à la question environnementale et ce qu’ils veulent que leurs établissements mettent en place ».
Lire aussiEcologie : voici comment former les étudiants en écoles de commerce
Premier enseignement, 74,4 % des sondés accordent « une importance significative » aux enjeux écologiques. À noter toutefois que 5,5 % des répondants n’estiment pas ce sujet important, « une minorité qui n’est pas négligeable », relève le BNEM. Ces enjeux sont encore loin de constituer le premier critère de choix des établissements, une majorité considérant les classements comme étant le seul juge de paix en la matière. Au total, 21 % des répondants considèrent la politique RSE comme l’un des trois critères les plus déterminants dans leur choix d’école.
Des cours « trop axés sur les problèmes et pas assez sur les solutions »
Une fois intégrés, quelle est la réalité des engagements affichés des écoles en matière d’écologie ? Sur ce point, la majorité des étudiants (60,1 %) affirme que leur école propose des ateliers ou conférences de sensibilisation aux enjeux écologiques et que la communication autour de ces événements est claire. Pour autant, seuls 35,6 % des étudiants ayant participé à ces actions ont estimé avoir acquis des connaissances qui seront réutilisables sur le long terme.
Lire aussiEcoles de commerce : La révolution verte au programme
Côté formation, seulement 8,5 % des répondants affirment que les enjeux écologiques ne sont pas abordés dans les cours. 67,3 % des répondants affirment par ailleurs que leur école propose des fresques du climat. Les étudiants sondés jugent aussi que le sujet est traité d’une manière « trop théorique », avec des cours « trop axés sur les problèmes et pas assez sur les solutions ». « Ce qui conduit à des difficultés pour saisir comment réellement agir, et potentiellement à de 'l’écoanxiété'. »
Près de 64 % des étudiants en école de management identifient « une mise en avant des opportunités professionnelles liées à l’écologie par leur école, principalement via des webinaires et forums RSE, tandis que 24 % ressentent un manque en la matière ».
Mobilité internationale et partenariats « climaticides »
Les étudiants pointent aussi un engagement des écoles à géométrie variable. « Certains qualifient ce décalage de 'greenwashing' et d’autres mettent en avant un manque d’actions concrètes », révèle l’enquête. Les étudiants ressentent par exemple ce décalage entre l’intégration des enjeux écologiques dans leur formation et la politique de mobilité internationale des écoles, « qui continuent d’encourager et de valoriser des voyages de longue distance » ou encore au niveau des partenariats avec des entreprises que les étudiants qualifient de « climaticides ».
Parmi les solutions avancées par les répondants figurent une meilleure gestion du campus et une nécessaire valorisation de l’engagement étudiant sur ces enjeux. Concernant la formation, « près d’un quart des étudiants exprime le désir d’une intégration plus poussée des enjeux écologiques au sein de leur école, dépassant les séminaires et conférences d’intégration, ceci dès la première année. Il s’agit aussi de dépasser la simple proposition d’électifs ou de parcours spécialisés et d’aller vers une intégration de ce type de cours au sein du tronc commun ».
Les étudiants expriment aussi « un besoin d’accompagnement pour mettre en pratique les notions abordées en cours et pour développer des idées concrètes ». Ils soulignent également « la nécessité d’une meilleure formation des enseignants aux enjeux écologiques, ainsi qu’une intégration transversale de ces thématiques dans l’ensemble des cours ».
*Méthodologie : La diffusion de l’enquête s’est faite à travers les réseaux sociaux nationaux et locaux du BNEM dans les différentes écoles, auprès des associations partenaires et avec le soutien des administrations des écoles. L’enquête a été diffusée du 17 septembre au 3 novembre 2023. Sur un échantillon de 3 241 réponses initiées, c’est un total de 1 936 réponses qui se sont avérées exploitables.
Par Julie Lanique