La CDEFI appelle à une régulation de l'enseignement supérieur privé

Clément Rocher Publié le
La CDEFI appelle à une régulation de l'enseignement supérieur privé
La CDEFI demande une régulation de l'enseignement supérieur privé // ©  Plainpicture
Début mars, la CDEFI a présenté les grands sujets d'actualité des écoles d'ingénieurs. Parmi les dossiers prioritaires, figurent notamment le projet de label de l’enseignement supérieur privé et les moyens alloués aux écoles d'ingénieurs. Avec la création d'un conseil dédié, la recherche est l'autre grand axe stratégique de la Conférence.

La Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI) s’est réunie début mars pour évoquer les grands sujets d’actualité des écoles d’ingénieurs.

Face à la croissance des formations du privé dans l'enseignement supérieur, l'une de ses préoccupations porte sur la régulation insuffisante de l’enseignement supérieur privé.

Un nouveau label pour une meilleure visibilité de l'offre de l'enseignement supérieur

La conférence approuve le projet de création d'un label qualité pour les formations de l'enseignement supérieur, prévu par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et attendu pour cette année.

"Il faut simplifier et clarifier toutes ces appellations, pour comprendre la différence entre un diplôme, un titre, un label, un grade, un visa", explique Dominique Baillargeat, vice-présidente de la CDEFI et directrice générale du groupe 3iL Ingénieurs.

Il faut absolument que le ministère se positionne pour dire ce qui est une formation de qualité et ce qui ne l’est pas. (D. Baillargeat, VP de la CDEFI)

Alors que la phase d'inscription sur la plateforme Parcoursup vient de prendre fin, elle partage sa crainte de voir toujours autant de confusion chez les jeunes et leur famille dans leur choix d’orientation. "Dans le secondaire, on sait aussi qu'on a un vrai problème d'orientation et d'information auprès des familles."

L’ouverture de la plateforme Parcours privé, qui se définit elle-même comme "le portail de l'enseignement supérieur privé en France" vient semer le trouble. "C’est une communication supplémentaire qui n’a pas été gérée par le ministère. Il faut absolument qu’il se positionne pour dire ce qui est une formation de qualité et ce qui ne l’est pas", ajoute Dominique Baillargeat.

Toutes les formations doivent être évaluées

La CDEFI estime que toutes les formations, qu'elles soient publiques ou privées, doivent "faire l'objet d’une évaluation au préalable" avec la mise en place d’un référentiel adapté. "Le rapport d’évaluation doit être accessible, sous la coordination du Haut Conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (Hcéres), qui valide le processus d’évaluation", avance la vice-présidente de la CDEFI.

Parmi les critères d’évaluation, la CDEFI suggère que "l’établissement doit disposer d’une gouvernance et de moyens financiers et humains adaptés" afin de garantir la pérennité de la formation. Mais aussi d'"une transparence et d'une éthique dans l’information qui sera délivrée aux jeunes" ainsi que d'"une politique de vie étudiante, de vie sociale bien définie pour l’accueil des étudiants boursiers."

L'ensemble des formations labellisées seraient accessibles sur Parcoursup. "Ce nouveau label a des conséquences : il signifie que les formations post-bac qui seront labellisées doivent être uniquement sur Parcoursup et ne peuvent pas recruter en dehors de la plateforme, à l’exception des étudiants internationaux."

Un budget sous tension dans les écoles d’ingénieurs

Autre sujet de préoccupation, les budgets des établissements. Alors qu’un décret paru en février dernier avait annoncé l’annulation de crédits à hauteur de 900 millions d’euros pour la mission "recherche et enseignement supérieur", la CDEFI précise que les moyens financiers accordés aux écoles n'évoluent pas. "Si les moyens stagnent, nous perdons des moyens pour mener nos actions", annonce Cécile Delolme, vice-présidente de la CDEFI et directrice de l'ENTPE.

Si les moyens stagnent, nous perdons des moyens pour mener nos actions. (C. Delolme, VP CDEFI)

"Au niveau de la CDEFI, on ne pense pas que nous sommes à la hauteur des enjeux. L’enseignement supérieur n’est pas dans les priorités de l’État", déplore Cécile Delolme, qui rappelle que les écoles doivent répondre à une demande de former davantage pour faire face à la pénurie d’ingénieurs sur le territoire.

Sur le plan de la recherche, les établissements tentent de trouver de nouvelles ressources propres, par le biais de contrats de chaires et de réponses à des appels à projet. "Mais il nous faut aussi des moyens humains pour les porter et les déployer. On ne peut pas le faire à moyen constant initial", précise-t-elle.

Lancement d’un conseil stratégique de la recherche

Emmanuel Duflos, président de la CDEFI et directeur de l'EPF, annonce la création d’un conseil stratégique de la recherche afin de faire reconnaître cette activité dans l’écosystème de l’enseignement supérieur et de la recherche. Ce conseil, présidé par Jacques Fayolle, directeur de Mines Saint-Étienne et précédent président de la CDEFI, réunira une trentaine d’établissements ayant "une stratégie de recherche intensive". Pour rappel, la CDEFI représente les 200 écoles proposant un titre d'ingénieur.

"Les écoles d’ingénieurs sont au cœur des processus d’activité de la recherche et d’innovation en France, rappelle le président. Une recherche qui joue un rôle clé dans la question de la réindustrialisation, du transfert de technologie, de création de start-up."

"Cette reconnaissance de la recherche qui est faite dans les écoles d’ingénieurs est faible. Elle est même absente au plus haut niveau de l’État. La position des écoles dans les questions de pilotage et gestion de la recherche régresse", ajoute Emmanuel Duflos, qui regrette que les écoles soient seulement perçues comme des "pourvoyeurs de moyens".

Clément Rocher | Publié le