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Décryptage

Groupes de niveau au collège : le ministère de l'Education s'inquiète du manque d'enseignants

La mobilisation des opposants aux groupes de niveau ne faiblit pas, malgré les concessions du gouvernement. Le manque d'enseignants pour les mettre en place à la rentrée prochaine inquiète aussi le ministère de l'Education nationale.

Environ 10 % du personnel de l'Education nationale s'est déclaré en grève ce mardi.
Environ 10 % du personnel de l'Education nationale s'est déclaré en grève ce mardi. (Fred MARVAUX/REA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 2 avr. 2024 à 18:59Mis à jour le 2 avr. 2024 à 19:20

« Moins de 10 % de nos personnels se sont déclarés en grève », lançait la ministre de l'Education nationale, Nicole Belloubet, ce mardi depuis l'Assemblée nationale. La mobilisation a atteint près de 15 % dans les collèges.

Mais le thermomètre de la contestation est ailleurs que dans les seuls chiffres officiels de grévistes, stables par rapport au mouvement de la mi-mars. Dans les salles des profs, dans les rassemblements publics et parmi certains parents d'élèves, le mécontentement ne retombe pas. La ministre a beau avoir imposé à Gabriel Attal la suppression des groupes de niveau tels qu'ils étaient conçus au départ au profit de « groupes de besoins » moins stigmatisants pour les élèves, le message ne passe pas.

« Nous serons attentifs à la manière dont les groupes se mettront en place », assurait-elle encore, mardi. Sans faire retomber les critiques sur le « tri social » des élèves attaché à ces groupes.

Manque de moyens

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Pour apaiser la situation, Nicole Belloubet refusait même, ce mardi matin, de parler de sanction contre les enseignants et les établissements qui n'appliqueraient pas la réforme. « Je ne suis pas dans l'ordre des sanctions, je suis dans l'ordre des convictions », a glissé la ministre sur RMC.

Dans une interview aux « Cahiers pédagogiques », l'ancien recteur Alain Boissinot suggère une porte de sortie : « L'enseignement privé n'a pas hésité à argumenter contre l'application de l'arrêté [sur les groupes de niveau] au nom de l'autonomie, et le ministère a pris acte, suggère-t-il. Les établissements publics pourraient très bien interpréter le texte dans le même sens. »

Les groupes de niveau rencontrent une autre opposition de taille : celle liée au manque de moyens. Un courrier du ministère adressé aux recteurs le 28 mars, en vue de la rentrée de septembre, indique qu'ils ne sont pas les seuls à s'en inquiéter. Gabriel Attal avait promis, fin décembre, 2.300 postes pour créer ces groupes de niveau, dont 830 créations d'emplois, le reste correspondant à des postes redéployés.

Dans ce document révélé par les médias « AEF Info » et « Le Café pédagogique », et que « Les Echos » ont pu consulter, la direction générale des ressources humaines du ministère fait état d'une « forte tension sur la ressource enseignante » pour la rentrée. Pour disposer d'assez de professeurs de mathématiques et de lettres afin de mettre en place les groupes, le ministère suggère aux recteurs de « proposer des conditions plus attractives » aux contractuels qu'ils recrutent.

Appel aux professeurs retraités

Ils peuvent aussi, selon ce courrier, « favoriser le recours aux professeurs des écoles pour l'enseignement des lettres et des mathématiques en sixième et en cinquième ». Ou proposer aux professeurs des écoles un détachement vers le corps des professeurs certifiés du second degré. Des enseignants du premier degré actuellement en disponibilité en attendant de trouver un poste pour se rapprocher de leur conjoint pourraient ainsi « rejoindre leur académie de préférence via un détachement dans le corps des professeurs certifiés ».

Le ministère mise aussi sur le recours aux professeurs retraités. Ils sont plus de 1.000 enseignants de lettres et de mathématiques à être partis à la retraite au cours de la précédente année scolaire, partout en France. Pour « mobiliser ce vivier habituellement peu enclin à se réinvestir, les académies pourront leur proposer un temps d'intervention limité dans le temps, mais assorti d'une rémunération attractive », indique le document.

Ce dernier envisage aussi de recourir aux « professeurs associés », ceux-là même auxquels Emmanuel Macron avait pensé pour les disciplines rares de la voie professionnelle. Ces professeurs, « recrutés sans condition de diplôme pour les disciplines professionnelles dont le domaine d'activité est rare », pourraient être recrutés pour une durée de trois ans, renouvelable une fois, précise la direction générale des ressources humaines aux recteurs. En leur conseillant d'aller battre le rappel eux-mêmes dans les universités, afin d'aller chercher de nouvelles recrues attirées par le métier d'enseignant.

Marie-Christine Corbier

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