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Transmissions de PME : amorce de reprise après une année noire

Les cessions acquisitions de petites entreprises ont baissé de 11 % en 2023 en raison d'une conjoncture économique incertaine, selon le panorama d'In Extenso, révélé par « Les Echos ». Les premiers mois de 2024 augurent une reprise des opérations, toujours tirées par l'axe Paris-Lyon. La transmission est au coeur des préoccupations du gouvernement.

Selon Olivia Grégoire, ministre chargée des Entreprises, qui s'est exprimée sur ce sujet au Salon Go Entrepreneurs, mercredi, 400.000 sociétés devront être reprises dans les dix ans.
Selon Olivia Grégoire, ministre chargée des Entreprises, qui s'est exprimée sur ce sujet au Salon Go Entrepreneurs, mercredi, 400.000 sociétés devront être reprises dans les dix ans. (Shutterstock)

Par Marion Kindermans

Publié le 3 avr. 2024 à 11:40

En déplacement ce mercredi au Salon Go Entrepreneurs à Paris, Olivia Grégoire, la ministre déléguée chargée notamment des Entreprises, a mis le projecteur sur une épineuse question : la transmission d'entreprises. Dans les dix prochaines années, 400.000 sociétés devront, selon elle, être reprises. Et 25 % des dirigeants français ont plus de 60 ans. Un sujet que l'exécutif entend prendre à bras-le-corps.

« Les Français ne connaissent pas assez les dispositifs existants », insiste l'entourage de la ministre, citant le pacte Dutreil (qui permet une exonération partielle de 75 % des droits de mutation à titre gratuit) et l'exonération des cotisations sociales totale ou partielle pendant douze mois dans le cas d'une reprise. La ministre veut aussi évangéliser les étudiants. Après l'ESCP mi-mars, elle devait porter mercredi après-midi les avantages de la reprise - « reprendre c'est créer » - à HEC, avant l'Essec, Audencia ou l'Ecole des mines.

Il y a urgence, tant le marché joue au yo-yo. Après une année que des professionnels n'hésitent pas à qualifier d'« annus horribilis », les premiers mois de 2024 montrent des signes de reprise dans les fusions-acquisitions de PME . « Comme pour l'ensemble du marché, la tendance de ce début d'année est à la relance sur ce segment d'entreprises, on est sur une croissance de 5 à 10 % du nombre de transactions bouclées », indique Marc Sabaté, directeur général d'In Extenso Finance. Ce que le cabinet de conseils en fusions-acquisitions attribue à « la stabilisation des taux d'intérêt, l'absorption du choc des hausses des prix des matières premières et de l'énergie, ainsi que la poursuite des opérations de transmissions familiales ».

Changement de profils

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Ce revirement vient contrecarrer une année 2023 en net repli . D'après le panorama d'In Extenso et Epsilon Research, qui se concentre sur les valorisations comprises entre un et 50 millions d'euros, le nombre de transactions accuse un repli de 11 % l'an dernier, avec 964 opérations, contre 1.080 en 2022 et 1.172 en 2021. Si Marc Sabaté évoque « une baisse mais moins terrible que ce à quoi on s'attendait », c'est que l'effondrement du premier semestre, de 35 % par rapport à la même période en 2022, a été atténué par le second. La deuxième partie de l'année se solde en effet par une hausse de 20 % des opérations.

« Le segment des entreprises valorisées entre 5 et 15 millions d'euros est celui qui a le mieux résisté. Ce sont souvent des entreprises familiales, dont les obligations de transmission dépassent les élements de conjoncture », détaille Jessy-Laure Carol, directrice associée d'In Extenso Finance. Ce segment a représenté l'an dernier 31 % des opérations, contre 28 % en 2022 et 24 % en 2021.

Autre effet notable : le changement de profils des acteurs. Les fonds d'investissement sont en très léger retrait, représentant 21 % des acheteurs contre 22 % en 2022. « C'est surtout la première fois qu'ils sont en recul depuis 2020 », souligne Marc Sabaté : « Les opérations de taille moyenne sont surtout réalisées entre entreprises et moins par des fonds qui sont davantage présents sur les gros deals ». Les sociétés non côtées représentent ainsi 67 % des acquéreurs sur ce segment PME, contre 63 % en 2022.

Baisse des valorisations

La même configuration se retrouve côté cessions, les fonds d'investissements ayant préféré attendre, dans un contexte de baisse des valorisations. Ils représentent 11 % des vendeurs en 2023, contre 19 % un an plus tôt, quand les actionnaires privés, eux, grimpent de 71 % à 79 %.

Concernant les secteurs d'activité, le panorama révèle sans trop de surprise un net recul des opérations dans le BTP, en crise depuis plusieurs mois, à -54 %. « Les acteurs font pour l'instant le gros dos et sont attentistes, mais c'est un secteur résilient et habituellement actif dans le M&A » plaide néanmoins Jessy-Laure Carol. Très impactés également par la conjoncture (inflation et chute de la consommation, hausse des coûts de production), et « peu délocalisables », l'agroalimentaire et les transports enregistrent une baisse du nombre de transactions, tous deux de 23 %.

En revanche, comme l'an dernier, le secteur qui connaît le plus grand nombre d'opérations - environ 300 - reste celui des technologies, médias et télécommunications. La reprise des deals dans les biens d'équipement (en hausse de 39 % en 2023), s'explique quant à elle par un « effet de rattrapage par rapport à une année 2022 en baisse ».

En la matière, l' axe Paris Lyon est « indétrônable » depuis 2021. Il cumule à lui seul la moitié des opérations réalisées l'an dernier, l'Ile-de-France en comptant 343 et l'Auvergne-Rhône-Alpes, 144. « Dans la première, les entreprises cherchent à racheter ailleurs pour mailler le territoire ; dans la seconde, c'est un travail de consolidation, avec des entreprises de la même région qui acquièrent des sociétés voisines », analyse Jessy-Laure Carol.

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Si la plupart des régions sont en recul - à l'instar de la tendance baissière de l'année -, trois réussissent à repartir à la hausse et à se rapprocher du podium : Provence-Alpes-Côte d'Azur (+23 %), Nouvelle-Aquitaine (+7 %) et Pays de la Loire (+20 %). En revanche, le centre-est de la France constitue « un coeur un peu mou, qui n'a pas réussi à rebondir après la réindustrialisation », et reste en queue de peloton.

Marion Kindermans

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