Accord à l'arraché pour un "passe rail" réservé aux jeunes dès l'été 2024

Après avoir d'abord annoncé que le "passe rail" permettant aux moins de 27 ans de prendre les TER et les Intercités (mais pas les TGV) à volonté cet été pour 49 euros par mois ne pourrait pas être opérationnel faute d'accord avec trois régions, le ministre délégué aux Transports a affirmé mercredi 3 avril au soir que le dispositif avait finalement été accepté par "toutes les régions", hors Ile-de-France. Le gouvernement se donne jusqu'en 2025 pour négocier avec Ile-de-France Mobilités une extension du Passe rail à cette région.

"La situation vient de se décanter à l'instant", après une journée "riche en discussions", a déclaré à l'AFP Patrice Vergriete mercredi 3 avril dans la soirée. Le matin sur franceinfo, le ministre délégué aux Transports avait déploré que trois présidents de région n'aient pas donné leur feu vert à l'expérimentation pour juillet et août de ce forfait permettant aux moins de 27 ans de prendre les TER et les Intercités (mais pas les TGV) à volonté pour 49 euros par mois (lire notre article). Il s'agissait, selon le ministre, d'Hervé Morin (Normandie), Laurent Wauquiez (Auvergne-Rhône-Alpes) et Xavier Bertrand (Hauts-de-France). Ce dernier, joint par l'AFP, a dénoncé une "mise en scène finale" du ministre visant à "pointer du doigt les régions" pour cacher une "méthode d'amateur", assurant qu'il n'avait jamais été question de s'opposer à l'opération mais de demander la résolution de "deux injustices" sur son périmètre et son financement.

Se déclarant "ravi" de cette issue, Patrice Vergriete a remercié la présidente de l'Occitanie et de Régions de France, Carole Delga, qui a "remobilisé les présidents de région" sur ce dossier, ainsi que ces derniers. Le ministre a indiqué avoir voulu battre le rappel mercredi matin car "sans cette prise de conscience publique que ça se jouait aujourd'hui, on n'y serait peut-être pas arrivés". Les opérateurs de transports, notamment la SNCF, devaient bénéficier de suffisamment de temps pour préparer l'application du dispositif, a-t-il expliqué. "Où irez-vous ?", a demandé Emmanuel Macron sur X à l'adresse des futurs bénéficiaires, en se félicitant de la nouvelle, alors qu'initialement, le dispositif qu'il avait lui-même annoncé en septembre dernier et qui était directement inspiré du forfait existant en Allemagne, à 49 euros par mois, devait être ouvert à tous les voyageurs empruntant les trains régionaux et Intercités (lire notre article).

Le cas de l'Ile-de-France

L'expérimentation de cet été n'est toutefois qu'un "premier pas", le gouvernement s'étant engagé à ce que le Passe rail puisse être également appliqué en Ile-de-France dès 2025, selon Patrice Vergriete. L'Etat prendra en charge "80% du coût total, les régions prennent 20%", a rappelé le ministre, alors que dans une première mouture du projet, la répartition s'établissait à 50-50. Le coût pour le gouvernement sera de quelque 15 millions d'euros, avait-il précédemment précisé.

Pour Xavier Bertrand, "deux injustices" demeurent cependant à ce stade. Puisque l'Ile-de-France n'est pas concernée, "les jeunes des Hauts-de-France seront pénalisés" s'ils veulent s'y rendre ou la traverser. D'autre part, "il aurait quand même été logique que l'Etat finance 100% dans la mesure où toutes les lignes sont gérées par la région", a-t-il déclaré à l'AFP.

Hervé Morin a, lui, expliqué à l'AFP avoir donné son "accord de principe sous réserve que les critères de financement prennent en compte le fait qu'en Normandie 100% des trains Intercités sont à la charge de la Normandie depuis 2020, ce qui n'est pas le cas des autres régions." "Je souhaite tout simplement que le passe rail ne me coûte pas une fortune", a dit le président de région.

Dans le Grand Est, Thibaud Philipps, vice-président chargé des transports, souligne le sujet de la "répartition des recettes pour pas que les régions se retrouvent à payer finalement l'ensemble de cette offre-là". La région Auvergne-Rhône-Alpes a aussi confirmé mercredi avoir donné son accord. "Il est impensable que ce dispositif soit mis en place sans l'Ile-de-France", a déclaré Frédéric Aguilera, vice-président régional chargé des transports, conditionnant son accord au renouvellement, dans un an, à l'intégration de la région de la capitale.

C'est en effet le cas de l'Ile-de-France qui a notamment fait achopper les discussions ces dernières semaines, a confirmé Patrice Vergriete, dans un entretien téléphonique depuis Bruxelles, en marge d'une réunion avec ses homologues européens. L'intégration de la région et de son système de forfait Navigo "un peu complexe" s'avérait impossible dès cette année, a-t-il souligné. Dans un communiqué, le ministère chargé des Transports a affirmé que l'Etat était "prêt à examiner une extension du dispositif à l'Ile-de-France l'an prochain, en lien avec Ile-de-France Mobilités".

 

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