Service civique écologique : le gouvernement compte aussi sur les collectivités

Christophe Béchu et Sarah El Haïry ont lancé ce 8 avril le service civique écologique, en présence d’acteurs divers – associations, collectivités, entreprises… – qui sont invités à coconstruire le dispositif. Pour atteindre 50.000 volontaires d’ici 2027, le gouvernement s’appuiera sur 1.000 jeunes ambassadeurs. Deux nouveautés : la certification de connaissances et compétences liées à l’écologie à l’issue du volontariat et des "débouchés" - offres d’emploi, de stage ou d’alternance – qui seront proposés aux futurs jeunes volontaires. 

 

50.000 jeunes en service civique écologique d’ici 2027 : c’est l’objectif du gouvernement, qui avait été présenté par Gabriel Attal lors de sa déclaration de politique générale. Le but est à la fois de "répondre à l'appétit d'engagement des jeunes", engagement présenté comme "un remède à l’éco-anxiété", et d’"accélérer la transition écologique", selon les termes du cabinet de Christophe Béchu. Plusieurs associations avaient porté il y a un an un appel à lancer cette mobilisation, constatant que seules 7% des missions de service civique entraient dans le champ de la transition écologique. 

Le "service civique écologique" n’existe pas encore en tant que tel, l’enjeu est donc de le créer en abordant "l'ensemble des dimensions de la transition écologique, en reprenant peut-être les différents chantiers de la planification écologique : mieux se déplacer, mieux se loger, mieux produire, mieux protéger les ressources naturelles", explique le cabinet de Sarah El Haïry. Les ministres Christophe Béchu et Sarah El Haïry, respectivement en charge de la Transition écologique et de la Jeunesse, ont donc réuni ce 8 avril des associations de jeunesse et de protection de l’environnement, des élus – dont le président des Éco Maires - et des entreprises, pour lancer le dispositif. Des groupes de travail vont être animés avec ces acteurs pour construire le dispositif, avec l’idée d’"élaborer un socle de connaissances et de compétences communes" permettant aux futurs volontaires d’obtenir un "brevet (PSC1) de l’engagement écologique". 

Environ 5.600 jeunes réalisent actuellement un service civique sur des missions écologiques. La montée en charge annoncée par Sarah El Haïry est la suivante : 6.600 volontaires en 2024, 10.500 en 2025, 14.400 en 2026 et 18.500 en 2027. Pour atteindre ces flux, l’enjeu est d’avoir à la fois plus d’offres et plus de candidats. 

"Nous allons recruter 1.000 jeunes ambassadeurs", dont "les 100 premiers avant le début de l’été", a indiqué Christophe Béchu. Sous le pilotage de l’Ademe, pour la campagne de recrutement qui aura lieu en juin, et de l’association Unis-Cité pour la mise en œuvre opérationnelle, ces ambassadeurs iront sensibiliser d’autres jeunes aux enjeux environnementaux et climatiques et faire connaître le service civique écologique. 

Pour les offres de missions, le gouvernement compte sur les associations environnementales, mais aussi sur les collectivités – "on a des marges réelles", estime le ministre qui indique que seuls 5% des volontaires actuels réalisent leur mission au sein d’une collectivité locale -, sur les opérateurs de l’État et sur des entreprises publiques telles que la SNCF, la RATP, EDF et Enedis. Des missions pourront également être proposées dans des contextes d’urgence liés à des risques climatiques – tels que les inondations récentes dans le Pas-de-Calais – et avec une "dimension internationale", avec France volontaires et en lien avec des enjeux de diplomatie environnementale.

Un effort budgétaire sans impact quantitatif et qualitatif

Le gouvernement affiche également un partenariat avec le Medef et son réseau territorial, pour offrir des débouchés aux jeunes qui réaliseront un service civique écologique. Un volontaire devra avoir "une proposition ou d’un emploi ou d’un stage digne de ce nom avant la fin de son service écologique", promet Christophe Béchu. Ce dernier juge indispensable de s’appuyer sur ces jeunes sensibilisés par leur mission de volontariat pour contribuer à pourvoir les quelque 400.000 postes liés aux enjeux de transition écologique. Une plateforme devrait être créée pour permettre à ces jeunes de postuler sur des offres d’emploi, d’alternance ou de stage, précise le cabinet du ministre. Les cabinets des deux ministres insistent plus globalement sur le "continuum" de l’engagement qu’ils souhaitent mettre en place : en amont du service civique écologique, y compris avec le service national universel (SNU, avec des séjours de cohésion portant plus spécifiquement sur les enjeux écologiques), et en aval avec des opportunités d’emploi, mais aussi dans le cadre du bénévolat associatif. 

Près de 150.000 jeunes sont passés par le service civique en 2023, dont 88.000 ayant démarré leur mission cette année-là (flux). Selon le cabinet de Sarah El Haïry, le gouvernement veut maintenir ce niveau "record", s’engageant à ce que les coupes (129 millions d’euros en moins pour le programme 163 "Jeunesse et vie associative", au sein des 10 milliards d’euros d’économies du décret du 21 février 2024) sur le budget de l’Agence du service civique ne portent que sur "la rationalisation de la trésorerie". "Je serai vigilante pour qu’elle continue à avoir les moyens de la mise en œuvre de sa politique", s’engage la ministre en charge de la jeunesse, affirmant que ces efforts budgétaires n’auront d’impact ni sur le nombre de volontaires, ni sur la qualité et la durée des missions proposées.