Après plusieurs semaines de fortes tensions marquées par des alertes à la bombe sur les intranets des lycées et la démission d’un proviseur menacé de mort au lycée Maurice-Ravel à Paris, l’éducation nationale tente de rassurer la communauté éducative. Un ensemble de mesures ont été présentées, jeudi 4 avril, lors d’une réunion rassemblant les recteurs d’académie, les préfets et les procureurs, Place Beauvau, en présence des ministres de l’intérieur, de la justice et de l’éducation.
Le dossier de presse qui a été diffusé à l’issue de la réunion révèle peu de nouveautés : intitulé « Déployer un bouclier autour de l’école », il confirme notamment la création d’une équipe mobile de sécurité nationale, annoncée par la ministre de l’éducation, Nicole Belloubet, vendredi 29 mars. Celle-ci est composée d’une vingtaine d’agents – proviseurs, psychologues, inspecteurs – qui pourront être dépêchés dans les quarante-huit heures en cas de « crise aiguë ».
L’autre innovation réside dans l’expérimentation d’un « réseau d’appui éducatif » ; il s’agit de déployer des assistants d’éducation (AED) pour aider à la sécurisation des écoles et établissements. Une mesure que, selon nos informations, les syndicats ont beaucoup discutée, le 3 avril au soir, lors d’une réunion consacrée au sujet de la sécurisation. L’idée de proposer aux AED d’aider à « apaiser le climat scolaire » dans et autour des établissements a fait réagir car c’est « un dévoiement de [leur] mission », explique Sophie Vénétitay, du SNES-FSU. « Sur ce point-là, nous étions tous un peu interloqués », renchérit Catherine Nave-Bekhti, du SGEN-CFDT, car « cela ne correspond pas au cadre d’intervention habituel des AED ».
En réalité, il pourrait surtout s’agir de déployer des équipes « volantes » de surveillants aux abords des écoles primaires, selon Elisabeth Allain-Moreno, du SE-UNSA, puisque les collèges et les lycées disposent déjà de leurs propres équipes d’AED affectées. « Cela reste du saupoudrage, juge la syndicaliste. C’est une mesure pour rassurer, et du reste, sur le fond, un AED n’est pas censé être un agent de sécurité. »
La sécurisation des abords des établissements est revenue au centre des préoccupations, cette semaine, à la suite de deux agressions : celle de Samara, 13 ans, rouée de coups à la sortie de son collège à Montpellier, le 2 avril, et celle d’un deuxième collégien de 15 ans, emmené à l’hôpital en urgence absolue jeudi soir 4 avril après avoir été passé à tabac par plusieurs personnes alors qu’il rentrait chez lui après les cours, à Viry-Chatillon (Essonne).
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