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Érosion côtière : l'inventaire des biens menacés à court, moyen et long terme

Entre 1 046 bâtiments en 2028 et 515 000 d'ici à 2100 seraient potentiellement menacés par l'érosion côtière, révèle un rapport du Cerema. Des pistes de financements sont sur la table pour soutenir les propriétaires et collectivités concernés.

Aménagement  |    |  R. Boughriet
Érosion côtière : l'inventaire des biens menacés à court, moyen et long terme

Sur les 20 % du littoral français impacté par l'érosion côtière, 500 communes doivent d'emblée s'adapter, a rappelé Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, le 4 avril, à l'occasion d'une interview accordée à TF1. Parmi elles, certaines , particulièrement touchées, sont déjà dans un processus de mobilisation volontaire listées par décret. Cette liste est passée de 126 à 242 municipalités, situées en métropole, Corse et Outre-mer. Auxquelles s'ajoutent 75 communes supplémentaires, et le retrait d'une autre (Marseillan, dans l'Hérault), selon un troisième projet de décret, (1) soumis à consultation publique. Ainsi, 316 communes s'engagent notamment à réaliser des cartes locales de projection du recul du trait de côte aux horizons de 30 ans et 30-100 ans.

Depuis l'établissement de la première liste en 2022, un Comité national du trait de côte (CNTC), a été installé en mars 2023 pour apporter des réponses à ce phénomène et surtout un financement pérenne aux collectivités. Ce comité a raccourci l'échéance de l'évaluation des zonages à risque à l'horizon des cinq prochaines années. « On était parti au départ sur une évaluation à trente et cent ans ; c'est toujours le cas, mais on se rend compte que l'échelle temporelle a un peu bougé du fait de l'accélération du changement climatique. Par conséquent, on est passé à une évaluation à cinq ans », expliquait en septembre 2023, à Actu-Environnement, Sophie Panonacle, députée (Renaissance) de Gironde, et présidente du CNTC.

Plusieurs centaines de milliers de bâtiments touchés d'ici à 2100

En effet, pour mieux appréhender l'érosion littorale, un inventaire des biens menacés dans l'Hexagone et en Outre-mer a été conduit par les experts du Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema). Ces derniers ont dressé trois projections, à horizon 2028, 2050 et 2100, (2) en s'appuyant notamment sur des photos aériennes et des données satellitaires. Leurs résultats ont été dévoilés ce vendredi 5 avril.

Ainsi, le scénario de 2028 constitue une estimation, à court terme, des bâtiments susceptibles d'être touchés, dans une bande de 5 mètres du littoral. Ce sont 1 046 locaux résidentiels et commerciaux (fourchette haute) qui seraient menacés d'ici cinq ans, pour une valeur vénale totale des biens d'environ 240 millions d'euros. « Un tiers de ces bâtiments comporte des logements et concerne directement les habitants de ces zones littorales », explique Sébastien Dupray, directeur de la Direction Risques Eaux Mer, au Cerema.

À cette échéance, le Cerema a recensé les bâtiments situés à proximité immédiate du trait de côte et potentiellement exposés à un « recul évènementiel » : recul marqué lors de tempêtes, d'éboulements, etc. C'est un scénario probable : s'il ne signifie pas que tous les bâtiments partiront à la mer, ces bâtiments sont proches de zones en recul ou instables.

Puis vient en 2050, le scénario à moyen terme, jugé « objectif et vraisemblable ». Il repose sur la poursuite tendancielle du recul du trait de côte, et sur le maintien en place et l'entretien de tous les ouvrages de protection du littoral. À cet horizon, ce scénario est plus impactant et concerne 5 200 logements (dont 2 000 résidences secondaires) et 1 400 locaux d'activités, représentant une valeur totale de 1,2 milliard d'euros. « On voit aussi en 2050, que l'impact  sera aussi fort sur le territoire, puisqu'on a environ 200 coupures du réseau routier structurant, selon nos résultats ».

Enfin, le dernier scénario à long terme, à l'horizon 2100, donne les chiffres les plus élevés, amplifiés par l'élévation du niveau de la mer d'un mètre, et « l'inaction des entreprises, des collectivités, et de l'État dans l'entretien du patrimoine de protection et de biens qui pourraient être déplacés », ajoute l'expert du Cerema. Ce scénario repose sur la disparition complète des structures de défense côtière et sur l'inondation progressive de toutes les zones topographiquement basses du littoral. Donc, si rien n'est fait d'ici 2100, ce sont 450 000 logements pour une valeur de 86 milliards d'euros, 55 000 locaux d'activités pour une valeur de 8 milliards, ainsi que 10 000 bâtiments publics, 1 800 km de routes et 240 km de voies ferrées qui pourraient être exposées.

« C'est évidemment un scénario qui nous incite à agir sans attendre pour éviter, à 2100 de cumuler le coût à la fois des dégâts et le coût des reconstructions », prévient Sébastien Dupray.

“ Il faut qu'on transforme le fonds Barnier en fonds d'adaptation pour être capable de mieux tenir compte de l'ampleur des dégâts et de la facture. ” Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique

Des pistes de financements

Or, le risque d'érosion du littoral ne fait pas partie des risques assurables dans le cadre des catastrophes naturelles. Ce risque n'est pas non plus éligible au fonds Barnier de prévention des risques naturels majeurs.

Pour y remédier, l'Inspection générale de l'environnement et du développement durable (Igedd) et l'Inspection générale de l'administration (Iga) suggèrent un dispositif de solidarité nationale, pour les propriétaires occupants de résidences principales pour les accompagner dans la libération de leurs biens. Des financements publics nationaux de l'État sont ainsi proposés dans leur rapport (3) publié début mars 2024, aux collectivités territoriales pour les aider à la maîtrise foncière de la bande côtière menacée, avec un soutien financier aux acquisitions amiables des seules résidences principales occupées par leurs propriétaires. « Ces soutiens seraient modulables selon la date d'acquisition et les conditions de ressources, ne dépasseraient jamais 70 % de la valeur vénale du bien et seraient plafonnés à 300 000 euros ».

Pour soutenir les collectivités, leur rapport recommande aussi de mobiliser prioritairement les dispositifs existants, en abondant le Fonds vert, et en s'appuyant notamment sur la taxe pour la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (Gemapi).

Par ailleurs, sur TF1, le ministre Christophe Béchu a aussi annoncé la création d'un fonds d'adaptation qui permettra, dans une optique de prévention, d'accompagner les Français et les collectivités sur les différents risques climatiques comme, les inondations, le retrait gonflement d'argile, l'érosion du trait de côte, etc. « Il faut qu'on transforme le fonds Barnier en fonds d'adaptation pour être capable de mieux tenir compte de l'ampleur des dégâts et de la facture ».

Ce fonds sera détaillé lors de la présentation dans les prochaines semaines, du troisième Plan d'adaptation au changement climatique. « L'explosion du coût des catastrophes naturelles va nécessiter que l'on rehausse notre niveau de solidarité, que l'on paie plus cher nos assurances et que l'on s'interroge sur la part prise par les assurances et la part prise par la solidarité nationale, a averti Christophe Béchu, C'est l'enjeu du deuxième semestre de cette année et du budget de l'année qui arrive ».

1. Accéder à la consultation publique sur le troisième projet de décret
https://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/projet-de-decret-modifiant-le-decret-no-2022-750-a3000.html
2. Accéder aux rapports du Cerema. Les cartes disponibles permettent de cliquer par département et d'obtenir les chiffres par département.
https://www.geolittoral.developpement-durable.gouv.fr/evaluation-des-enjeux-exposes-au-recul-du-trait-de-a1608.html
3. Télécharger le rapport de la mission Igedd et Iga
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-43828-rapport-igedd-iga.pdf

Réactions1 réaction à cet article

Le bâti est en principe construit pour de nombreuses décennies, voire un siècle ou plus.
Etablir un plan d'adaptation est effectivement indispensable, mais , apparemment, celui-ci ne parle pas d'interdiction de construire dans les zones susceptibles d'être atteintes d'ici 2100. Les bâtiments qui y seront construits dans les années à venir sont condamnés à moyen terme et on va devoir en indemniser ces propriétaires.
Il est aussi important de souligner le grand optimiste de la projection CEREMA qui est très très loin des études scientifiques telle celle de la NASA.

paco55 | 09 avril 2024 à 11h02 Signaler un contenu inapproprié

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