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Le portrait

Emmanuelle Marie, balance ton port

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La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Pêcheuse artisanale dans la Manche, cette téméraire milite pour la fin du combo saumon surimi dans les assiettes françaises et s’en prend aux dérives de la grande distribution et à la classe politique sur la question des zones maritimes protégées.
par Marie-Eve Lacasse
publié le 9 avril 2024 à 15h31

Le travail est dur, rapide, répétitif. Emmanuelle Marie tire les casiers un à un d’une mer agitée pour sortir à toute vitesse les jeunes araignées, dites moussettes, de leurs pièges, en s’assurant de ne pas se prendre les pieds dans les filins. «Chez les pêcheurs, il y a un danger de la mort qui plane constamment au-dessus de nos têtes. Il y a encore eu un décès en décembre et un accident il y a trois jours, et ça arrive toujours à ce moment précis de la pêche.» Après être tombée elle-même en mer, elle porte enfin son vêtement à flottabilité intégrée (VIF) à bord , «mais je dois bien être la seule à le porter. La sécurité, c’est une affaire de bonnes femmes !».

Elle a une toute petite voix, un corps poids plume, mais une force physique et une endurance hors norme. Depuis la cabine du capitaine où on l’observe travailler, les moussettes trop petites vivent un grand slalom émotionnel : relâchées dans la mer, elles virevoltent dans les airs avec de multiples saltos arrière. Les autres finissent dans des grands bacs sur le pont de la Petite Laura, caseyeur de 9,44 m sur lequel Emmanuelle Marie travaille avec son mari, Jérôme, depuis 2021. Une carrière menée de haute lutte, contre l’avis de sa famille, «et aussi contre la société patriarcale qui ne veut pas qu’une femme soit pêcheuse», soutient-elle.

Même si elle estime modestement «n’être personne dans ce monde de la pêche», un jugement qu’on lui a souvent renvoyé dans ce milieu «rustre, où il

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