« La République est menacée et je ne suis pas rassuré par ce que je viens d’entendre », lance le sénateur LR Max Brisson. « Vous êtes dans un déni total », renchérit son président de groupe, Bruno Retailleau. Mercredi 10 avril, pour la première séance de la mission sénatoriale sur l’antisémitisme à l’université, la droite a donné le ton.

Dans un contexte marqué par plusieurs incidents liés à l’offensive israélienne à Gaza, la commission culture et éducation présidée par Laurent Lafon (Union centriste) a décidé, fin mars, de lancer cette « mission flash » qui a débuté avec l’audition chahutée de Guillaume Gellé, président de France Universités (FU), l’instance qui fédère les responsables des 116 établissements d’enseignement supérieur. Lui-même président de l’université de Reims, il a pourtant rappelé que France Universités avait condamné l’attaque du 7 octobre et appelé à combattre l’antisémitisme.

Il a décrit un climat universitaire avec des actes antisémites qui ont plus que doublé en six mois. Soixante-sept recensés contre 33 pour toute l’année précédente. Ils ont donné lieu à 8 plaintes, 14 signalements au procureur et 11 saisines des commissions disciplinaires universitaires. Mais ni le ton ni le constat statistique n’ont convaincu des sénateurs très remontés. « Le mot islamisme n’a même pas été prononcé », s’emporte Max Brisson. Son collègue Stéphane Piednoir (LR) s’étonne du faible nombre de signalements alors que, selon une étude Ifop publiée en septembre, 91 % des étudiants juifs disent avoir subi de l’antisémitisme.

Absence d’un état des lieux et de sanctions contre les actes antisémites

Des associations propalestiniennes et des militants LFI ont provoqué sur plusieurs campus des incidents, comme à Sciences Po Menton, dont la direction n’a pas fait de signalement au procureur, s’indigne la sénatrice des Alpes-Maritimes Alexandra Borchio-Fontimp (LR). Jacques Grosperrin (LR) va plus loin et met en cause le principe de l’élection par leurs pairs des présidents pour expliquer leur « faiblesse ».

Face à ces assauts, Guillaume Gellé rappelle les contacts réguliers de France Universités avec les instances juives. Il insiste sur les principes de la liberté académique et de l’autonomie des universités pour justifier que l’université n’est pas une administration comme une autre. Il rappelle les règles de contrôle des associations étudiantes et leurs limites et insiste sur les procédures disciplinaires qui exigent du temps. Sur la défensive, il est toutefois contraint d’admettre l’absence d’un état des lieux sur les sanctions mises en œuvre. « On doit s’organiser de manière différente pour lutter plus efficacement », concède-t-il. Concernant Sciences Po Menton, il s’engage à intervenir auprès de la direction. Les auditions de la mission flash sénatoriale reprendront le 24 avril, avec de rudes passes d’armes en perspective.