À l’origine de Creapole, il y a l’École supérieure de design industriel (ESDI) fondée à Paris en 1981 par Jan-Lin Viaud, un enseignant passionné de design. En 1992, l’ESDI est rachetée par Creapole à l’initiative de Jean-Michel Leralu et le groupe Japan educational Fondation. Située rue de Rivoli à Paris, Creapole figure aujourd’hui dans notre classement des meilleures écoles de design. Elle est l'une des écoles les plus citées sur le thème du recrutement par les agences de design que nous avons interrogées. Sa formation de «Designer concepteur industriel« possède un titre RNCP de niveau 7, le plus élevé. Fils du fondateur, Adrian Leralu en est aujourd'hui le directeur général délégué.

FIGARO ETUDIANT- Comment entre-t-on à l'école de design Creapole ?

Adrian LERALU-Nous ne sommes pas sur Parcoursup. Pour la première année, nous sélectionnons à la fois sur la motivation et sur le projet du candidat. Pour le projet, nous lui demandons ce qu'il veut faire plus tard. S'il veut surtout faire du mobilier ou du luminaire, nous lui disons que ce n'est pas le cœur de notre enseignement, et qu'il vaut mieux chercher une autre école. Pour évaluer sa motivation, nous demandons au candidat de nous apporter ses travaux personnels : dessins, “démo reels” pour le cinéma d'animation, concepts de voitures, etc.

Sur ces bases, 90% des candidats sont admis. Le passage en deuxième année n'est pas automatique, puisqu'il faut une moyenne de 10/ 20 à la fois dans le bloc Atelier créatif (qui comprend 5 ateliers), et dans le bloc Enseignements transversaux (qui inclut 5 matières). Les deux notes ne se compensent pas : si un élève à 9/20 en Atelier créatif et 18 /20 dans le bloc Enseignements transversaux, il devra redoubler.

Quels sont les métiers du design auxquels votre école prépare plus particulièrement, et quel est votre taux d'insertion ?

Nous formons à plusieurs métiers du design : design produit, design luxe”, design “communication visuelle”, design “transport”, ainsi que deux spécialités qui correspondent aux deux plus gros secteurs de design : l'architecture intérieure et la mode. J'ajoute aussi une de nos spécialités : le design d'exception. Ce secteur concerne la création de pièces en série limitée, comme des canapés pour Roche-Bobois ou Pinto, ou des pièces de maroquinerie sur commande pour Pinel et Pinel. Le design d'exception concerne aussi l'horlogerie et l'orfèvrerie. Certaines peuvent atteindre les 150 000 euros. Quant à nos taux d'insertion, ils dépendent de nos filières : il est de 100% pour le design d'exception, idem pour le design transport, le design communication visuelle et l'architecture intérieure. En filière mode, nous n'avons pas eu de diplômés en 2023.

Quel est l'avenir du design ?

Le futur du design va dépendre des entreprises et de l'industrie : à mon sens, le design désindustrialisé ne peut pas exister, ceux qui le défendent ne sont pas des designers, mais des artistes. Sur le plan de la formation au design, la logique “LMD” (grades de licence, maîtrise, doctorat ndlr) est importante, car elle conditionne les accords de coopération entre grandes universités et écoles européennes. Elle permet aussi aux élèves l'accès aux emplois internationaux. Certes, cette logique de certification et d'homogénéisation peut poser aux écoles des problèmes de calendrier et de budget, notamment au niveau du recrutement accru d'enseignants-chercheurs. Mais cette logique permettra de pérenniser la richesse du design français à l'international.