L'aéronautique apporte un soutien bienvenu à la croissance française
La montée en puissance des livraisons dans le sillage du retour progressif à la normale de la production de l'industrie aéronautique va soutenir les exportations tricolores cette année.
Par Nathalie Silbert
Les déboires de l'américain Boeing n'y sont sans doute pas totalement étrangers. L'aéronautique française, qui s'est effondrée pendant la crise du Covid-19 puis a été bridée par des difficultés d'approvisionnement et de recrutement, se redresse et pourrait voler au secours de la croissance tricolore.
Le secteur, point fort traditionnel de l'économie hexagonale, poursuit en effet son rattrapage. L'industrie aéronautique devrait « regagner une grande partie du terrain perdu depuis 2019 en termes d'activité et sans doute de productivité », estime l'Insee dans sa note de conjoncture du mois de mars.
Progressions de 10 à 15 %
La production, qui l'an dernier était encore inférieure de 25 % à son niveau de 2019, est attendue en hausse de 10 % cette année et l'an prochain. Fin 2024, elle n'aura pas encore renoué avec son niveau de 2019. Mais grâce au retour progressif à un rythme de fabrication plus habituel, les livraisons d'avions qui, en valeur, accusaient toujours un retard de 13 % en 2023, vont, elles aussi, repartir.
Dès ce printemps, le commerce extérieur devrait profiter du mouvement. Alors qu'Airbus prévoit des livraisons en hausse de 9 % cette année, « les exportations aéronautiques françaises pourraient être légèrement plus dynamiques », estime l'Insee. Selon l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), les exportations aéronautiques connaîtraient une progression de 10 % à 15 % en 2024 et en 2025.
Recul de la productivité
Compte tenu du poids du secteur - il représentait près de 10 % du total des exportations hexagonales en 2019, soit environ 3 % du PIB -, « cela pourrait avoir un effet positif sur la croissance de 0,3 à 0,4 point en 2024 et en 2025 », a calculé Elliot Aurissergues, économiste à l'OFCE. Des dixièmes de points de PIB précieux alors que la croissance française est attendue cette année à 0,7 % par le consensus des économistes et à 1 % par Bercy.
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Le redressement de l'industrie aéronautique devrait aussi avoir des effets positifs sur la productivité . Bien que tournant au ralenti, les entreprises du secteur employaient l'an dernier 7 % de salariés de plus qu'avant le Covid-19, du fait d'embauches soutenues de cadres et d'ingénieurs. « Par rapport à l'avant-crise, la perte de productivité du travail observée dans le secteur atteint donc plus de 30 % », constate l'Insee. Soit une baisse nettement plus marquée que dans d'autres secteurs industriels.
Ce recul pourrait néanmoins être temporaire. D'autant qu'Airbus a ouvert l'an dernier une nouvelle chaîne d'assemblage dans l'Hexagone pour la fabrication d'appareils de type A320, les plus nombreux.
Nathalie Silbert