Les organisations patronales vent debout contre la suppression de l’aide à l’embauche pour les contrats de professionnalisation

Les employeurs, par la voix de leurs organisations représentatives, s’inquiètent du projet de décret proposant la suppression de l’aide à l’embauche pour les contrats de professionnalisation.

Les organisations patronales et les mouvements d’employeurs ne cachent pas leur stupéfaction face au projet de décret du gouvernement proposant la suppression de l’aide à l’embauche de 6.000 euros pour les contrats de professionnalisation. Président de la Fédération nationale des Geiq (groupements d’employeurs pour l’insertion et la qualification), Pierre Lobry s’est fendu d’une tribune pour dénoncer ce choix "budgétaire". Il rappelle que les Geiq signent chaque année environ 10.000 contrats de travail dont plus de 80% sont des contrats de professionnalisation et dont "environ 30% seraient concernés" par la suppression de l’aide gouvernementale. Pierre Lobry défend ainsi un dispositif qu’il juge "particulièrement adapté pour les personnes qui rencontrent des difficultés d’accès ou de retour à l’emploi et pour les métiers pour lesquels il n’existe pas de diplôme".

"Les entreprises n’embauchent pas pour bénéficier d’une aide financière"

Le contrat de professionnalisation, souligne-t-il, offre aux entreprises davantage de souplesse "et permet une adaptation du parcours de formation au plus près des besoins des publics et des entreprises". Un outil particulièrement adapté aux personnes les plus éloignées de l’emploi, ajoute-t-il. Du côté de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), on souligne que "si les entreprises n’embauchent pas pour bénéficier d’une aide financière, augmenter le coût du travail constituera un frein, notamment pour les plus petites d’entre elles". En 2023, rappelle l’organisation patronale, "ils étaient près d’un million à avoir ainsi pu accéder à des formations en contrat d’apprentissage ou en contrat de professionnalisation". Une voie vers l’embauche qui risque donc de se tarir.

Les aides à l’apprentissage dans la balance

Marc Sanchez, secrétaire général du Syndicat des indépendants (SDI), considère que le gouvernement "se tire une balle dans le pied", sachant que "les contrats de professionnalisation, notamment ceux visés dans le décret du ministre du Travail, permettent l’insertion à l’emploi en alternance de personnes qui désirent acquérir une nouvelle qualification". Si l’enjeu est bel et bien de réaliser des économies budgétaires, Marc Sanchez estime d’ailleurs "qu’il serait plus opportun de s’interroger sur l’effet d’aubaine des aides à l’apprentissage utilisées par les grandes entreprises pour l’utilisation à bas coûts de jeunes en études supérieures !" Un constat partagé par l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes) qui voit dans cette décision "comme une contradiction dans un contexte de lutte contre la précarité et l’objectif du plein emploi". La suppression de cette aide porterait un grand coup aux entreprises de l’ESS, à 90% des TPE, confrontées à des difficultés de recrutement récurrentes. "C’est également un mauvais signal envoyé aux salariés de moins de 30 ans en recherche d’une formation et d’un emploi."

Le président de l’Udes, Hugues Vidor, déplore dans le même temps un timing serré, à savoir une suppression de l’aide qui pourrait être effective dès le 1er mai 2024, qui ne permet "ni une réelle réflexion, ni un travail d’échange et de coconstruction avec les partenaires sociaux". Une perspective qui inquiète également Pierre Lobry qui rappelle que "en augmentant significativement le coût du contrat de professionnalisation, cette mesure aura un impact direct sur les recrutements des jeunes les plus en difficulté" en pesant fortement sur les recrutements envisagés dans les prochaines semaines.

 

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