Transition écologique et sociale : l’importance de se former aux nouveaux métiers

Le vert appelle de belles carrières. Entreprises et institutions de toutes filières ont besoin de nouvelles compétences pour mener à bien leur transition. Éclairages

Vert ou verdissant les métiers ont tous besoin d'inclure une part de responsabilité sociale et environnementale dans leurs missions (Illustration) Shutterstock
Vert ou verdissant les métiers ont tous besoin d'inclure une part de responsabilité sociale et environnementale dans leurs missions (Illustration) Shutterstock

    Notre supplément spécial Transition écologique :

    Il y a quelques années encore, vouloir travailler dans l’écologie pouvait sonner un brin idéaliste. C’est terminé. L’heure de la transition ayant sonné, les entreprises – ainsi que les collectivités locales, associations, pouvoirs publics, etc. – ont besoin d’intégrer une multitude de nouvelles compétences.

    Sur le sujet des métiers, une distinction est à faire. Il y a d’un côté ceux qu’on appelle « verts », à savoir des professions dont la finalité est purement environnementale (chargé de mission écologie, expert bilan carbone, par exemple). De l’autre, les métiers dits « verdissants ». Bien plus nombreux, ceux-ci désignent la nécessité pour un professionnel d’évoluer, ajoutant à sa palette des compétences environnementales qu’elle ne comportait pas avant.

    18
    %
    des intentions d’embauche en France concernent des emplois de l’économie verte
    ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, 2022

    Nombre de métiers classiques sont ainsi concernés : du rénovateur thermique devant intégrer de nouvelles règles, méthodes et matériaux, à la communication devenue durable, la finance verte, etc. Selon une enquête de l’Insee datant de 2019, l’économie verte génèrerait 4 millions d’emplois. Parmi eux, 141 000 sont des emplois verts ; tous les autres – 3,8 millions – étant considérés comme verdissants.

    L’heure de la transparence

    « Au fil des années, les compétences recherchées se précisent, devenant pour certaines très techniques », observe Catherine Brennan, directrice des opérations de Birdeo, cabinet de recrutement spécialisé depuis 2010 dans les métiers à impact. L’accélération qu’elle constate dans les embauches ne tient pas (uniquement) à la prise de conscience des employeurs de la nécessité de sauver la planète. Elle est aussi poussée par des normes et réglementations plus pointues. « Aujourd’hui, il ne s’agit plus d’afficher. Il faut mesurer, prouver, justifier jusqu’aux plus petits détails d’une politique de développement durable et sociale », pointe Catherine Brennan. Illustration parfaite de cette évolution, le CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive).



    Applicable depuis le 1er janvier 2024, cette directive oblige grandes entreprises et PME cotées en bourse à fournir un reporting extra-financier. Pour faire simple, il ne s’agit plus seulement de publier ses comptes, mais de déclarer l’ensemble des données liées à l’environnement, aux aspects sociaux et de gouvernance. De quoi mettre au travail une armée de nouveaux spécialistes. « Dans les années à venir, l’extra-financier deviendra aussi, voire plus important que le financier », ose Catherine Brennan. En attendant, la tâche pour les entreprises est immense et nul ne dit que la CSRD ne sera pas un jour étendue à des structures de plus petite taille.

    Cette évolution fait la part belle aux profils spécialisés, dans les données notamment. « Il s’agit de compiler ces informations, les sortir et les faire parler. De pures compétences de data analyst », décrypte la directrice des opérations de Birdeo. Elle en appelle aussi à des profils juridiques, sur fond de multiplication des normes, nationales comme européennes. « Nos étudiants en fac de droit seront très courtisés par les grands groupes sur le terrain de la RSE », note Catherine Brennan. Ou encore les financiers, l’approche extra-financière ou encore la finance verte supposant toutes deux une série de compétences qui n’existaient pas jusqu’alors.

    Impossible encore de parler de transition sans évoquer le bâtiment, impacté à tous les étages : choix des matériaux, performance énergétique, urbanisme, etc. Ou bien sûr d’agriculture. « Alors que le nombre d’agriculteurs est en chute libre, les projections indiquent que la filière bio pourrait créer entre 400000 et 1 million d’emplois », pointe Irène Colonna d’Istria, directrice des programmes « Transition juste » de l’association Makesense. Pour elle, l’impasse agricole actuelle pointe plutôt les défauts d’un modèle économique et du dialogue social, « d’où l’importance de penser les transitions au sens large, pas à travers la seule écologie », comme le suggère le sigle RSE (responsabilité sociétale et environnementale).



    Quelle que soit leur activité, les entreprises ont besoin de jeunes formés à ces nouvelles approches. Certaines hésitent encore sur la manière de se lancer sur ces problématiques complexes. « Les dirigeants doivent comprendre que l’impact, ce n’est pas 0 ou 1. L’important, c’est d’initier la démarche, puis trouver au fil du temps comment s’améliorer », conseille Irène Colonna d’Istria.

    Au milieu du gué

    Tous les métiers n’évolueront pas au même rythme. Les entreprises réglant une urgence après l’autre, certains profils sont déjà âprement disputés. « Ce qui empêche les dirigeants de dormir aujourd’hui, c’est la décarbonation. Quelle feuille de route décliner et comment embarquer tout le monde dans cette voie », observe la directrice des opérations de Birdeo. Mais que les autres profils ne s’endorment pas pour autant… « Celui qui pense que la durabilité ne le concerne pas se trompe. Tôt ou tard, cela arrivera dans sa fiche de poste. On lui demandera de penser dorénavant à travers ce prisme-là », prévoit Catherine Brennan. Autant y être préparé. Et cela commence dès les études.

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