Notre supplément spécial Transition écologique :
- « Étudiants, entreprises, société : tout le monde nous attend là-dessus » : l’enseignement supérieur contraint de se verdir
- Transition écologique : ces formations qui rebattent les cartes
- Transition écologique et sociale : l’importance de se former aux nouveaux métiers
- « L’anxiété, c’est quand on ne sait pas » : comprendre, se former et agir, les clés pour dépasser son eco-anxiété
- Mobilité et écologie : le grand dilemme des séjours d’études à l’étranger
- « Je ne me reconnaissais pas du tout là-dedans » : comment faire de l’écologie un levier d’insertion professionnelle
- « Je veux être fier de ce que je fais pendant ces deux années » : stage ou alternance, ils ont mis le pied à l’étrier pour sauver la planète
- « Dans les écoles d’ingénieurs, l’écoconception et la low tech devraient être obligatoires » : les étudiants attendus de pied ferme par les entreprises
«Les jeunes des quartiers populaires sont ceux qui subissent le plus les effets du changement climatique, pour une série de raisons (pollution de l’air, accès à une alimentation de qualité, etc). Pourtant, ils sont sous-représentés dans le mouvement lié à l’écologie », constate Irène Colonna d’Istria, directrice des programmes « Transition juste » de l’association Makesense. Une situation qui tient en partie à l’image de ce mouvement, tantôt perçu comme réservé aux urbains très diplômés, tantôt comme le terrain d’activistes « avec une vision sacrificielle de l’engagement qui ne parle pas du tout à ces jeunes.»
Alors, comment leur faire une place dans les discussions ? Et comment faire de l’écologie un levier d’insertion professionnelle ? Pour y parvenir, Makesense multiplie les approches. Par exemple, en abordant la transition par son versant social avant de creuser la dimension écologique. Ou encore en identifiant des sujets qui donnent plus envie de s’engager que les petits écogestes ou le catastrophisme : alimentation, culture, numérique, sport, industries créatives, etc.
Formation par l’action
Il y a encore quelques mois, l’engagement écologique n’était pas dans les plans de Minata, qui vit à Bagnolet. « Ce que j’en savais, c’était ce que l’on voit à la télévision. Je ne me reconnaissais pas du tout là-dedans », admet la jeune femme. Après un bac pro, puis un BTS et une licence pro Métiers de l’animation sociale, elle se lance dans un service civique auprès de l’association Unis-Cités. La mission l’amène à travailler chaque jour de la semaine sur un domaine différent : un jour avec Makesense sur le sujet de la résilience alimentaire, un autre dans une épicerie solidaire, ou encore avec le Samu social auprès de personnes âgées... C’est d’ailleurs ce dernier volet qui l’a poussée à se lancer : «J’adore travailler avec les personnes âgées, c’est mon truc !», sourit Minata.
De fil en aiguille, la question de l’environnement lui est apparue essentielle. « À travers l’alimentation se pose toute une série de questions qui m’ont fait voir l’écologie autrement. Aujourd’hui, je veux non seulement réduire mon empreinte carbone, éviter de gaspiller, mais aussi sensibiliser les autres», assure-t-elle.
Ce programme dédié à la transition alimentaire verra notamment ces 15 jeunes construire une cuisine mobile, créer des recettes locales et parler nourriture saine. «À Bagnolet vivent d’importantes communautés indiennes, chinoises, maghrébines. Niveau recettes, c’est génial ! L’idée est de faire de cette sensibilisation un moment convivial.»
Certains jeunes accompagnés ont l’intention de poursuivre leur engagement ou trouver un emploi à impact. « Nous observons pas mal de déclics. L’un veut ouvrir un tiers-lieu dans sa ville d’origine, l’une a décidé de créer un livre de recettes pour enfants et une autre souhaite travailler avec la mairie de Vitry-sur- Seine sur la question des déchets... », énumère Irène Colonna d’Istria. Beaucoup d’envie, une première expérience : que demandent les recruteurs ?