« Dans les écoles d’ingénieurs, l’écoconception et la low tech devraient être obligatoires » : les étudiants attendus de pied ferme par les entreprises

Des milliers d’entreprises, de petites structures doivent relever le défi de la décarbonation mais plus globalement de la responsabilité sociale et environnementale (RSE), elles aussi et ont besoin de jeunes étudiants formés et pragmatiques face à ces défis.

Grands groupes mais surtout PME recherchent des jeunes diplômés formés et prêts à relever les défis RSE à venir (Illustration) Getty Images / Tatsiana Volkava
Grands groupes mais surtout PME recherchent des jeunes diplômés formés et prêts à relever les défis RSE à venir (Illustration) Getty Images / Tatsiana Volkava

    Notre supplément spécial Transition écologique :

    La patronne n’a pas eu peur d’effectuer son bilan carbone. «C’est comme monter sur la balance. Les premiers jours, vous tournez autour et la regardez de travers. Mais à un moment, il faut monter dessus», sourit Élise Hauters. Sans surprise, celui-ci est lourd (273 tonnes). «Nous travaillons dans le secteur de la chaudronnerie, une activité fortement carbonée, surtout sur le scope 3 (émissions liées aux activités en amont et en aval de la production) », assume la gérante de CPM Industries, entreprise familiale à Saint-Romain-de-Colbosc (Seine-Maritime). Ce n’est pas tant le chiffre qui compte. «Ce bilan est le point de départ du travail à mener pour réduire notre empreinte partout où c’est possible », estime celle qui se définit elle- même comme éco-anxieuse et sensibilisée depuis l’enfance à l’environnement.

    Demain, près de la moitié de l’énergie consommée par CPM Industries sera issue du photovoltaïque. « Nous avons monté une association locale réunissant des entreprises, un hôpital et d’autres acteurs pour investir ensemble », se félicite Élise Hauters. Elle croit aussi dur comme fer au principe d’écoconception pour fabriquer des produits qui puissent durer plus longtemps et soient réparables.

    « Dans les écoles d’ingénieurs, l’écoconception et la low tech (concevoir des technologies requérant le moins de ressources possible) devraient être obligatoires », juge-t-elle. Car la gérante compte beaucoup sur les jeunes.

    Prises par le temps

    Une petite structure ne peut pas toujours se permettre de recruter un salarié dédié à la RSE. «Nous avons ouvert un demi-poste. Audrey, diplômée d’un master en RSE, passe la moitié de son temps sur ce sujet. Pour le reste, elle travaille sur nos collections», explique Frédéric Guiral de Haas, copropriétaire d’Airplum, marque de chaussons fabriqués dans le Périgord vert. Il conseille ainsi à tous les jeunes de développer ce type de double compétence. Si l’environnement industriel est très contraint en termes de normes, « les clients aussi se sont réveillés. Ils nous demandent de plus en plus de certifications et de précisions sur la composition de nos produits », explique Frédéric Guiral de Haas. Le type de travail que bien des dirigeants de PME emportent chez eux le week-end, « mais ils ne pourront plus fonctionner ainsi très longtemps», prévoit-il.



    La transition écologique d’Airplum passe aussi par une optimisation des flux logistiques, une production à la demande qui évite la surproduction, ou encore la création prochaine d’un système de récupération pour donner à ses chaussons une deuxième vie. « Vis-à-vis des concurrents chinois, on ne pourra jamais se battre sur le prix. Mais si on est premiers de la classe en termes écologiques, on est gagnants !», mise le dirigeant d’Airplum.

    Donner envie aux étudiants

    C’est peu dire que les jeunes sont attendus. À la tête de Lemasson, entreprise de conception et production de pompes à chaleur située près de Saint-Lô (Manche), Jean- Louis Berçaïts suit de près les formations dispensées par l’université de Caen (Calvados). « Nous faisons de l’alternance à tous les niveaux : bureau d’études, production, fonctions commerciales », abonde-t-il. La PME compte une soixantaine de salariés, œuvrant à des machines à vocation écologique (les pompes à chaleur fonctionnent sur le principe de la géothermie).

    Pour assurer son développement, les jeunes sont précieux. « Problème, aucun cursus ne forme exactement à notre métier. C’est pourquoi nous fonctionnons de manière complémentaire avec l’université. » Les étudiants de l’IUT en génie thermique, par exemple, apprennent chez Lemasson d’autres techniques (captation d’énergie, etc.) au cours de leurs stages et missions.

    Encore faut-il les attirer, ce qui n’est pas évident pour une PME relativement éloignée des grandes villes. Lemasson et son dirigeant, «fanatique de la transmission des savoirs», ont pourtant un joli projet à confier aux jeunes techniciens et ingénieurs souhaitant rejoindre une industrie verte. «Nous développons une magnifique solution d’avenir. C’est l’occasion de donner du sens à tout ce que vous apprenez en cours », invite le dirigeant.

    Écoles à la une

    Proposées par les écoles partenaires

    EDC Paris Business School
    Marketing / Communication
    Courbevoie
    Montpellier Business School
    Commerce / Gestion / Management
    Montpellier
    Institut Lyfe (ex Institut Paul Bocuse)
    Tourisme / Hôtellerie / Restauration
    Écully