« Ça m’angoisse ! » : nouvelle flambée des frais de scolarité des écoles de commerce 2024

Alors que la saison des admissions bat son plein, Challenges a épluché les frais de scolarité des grandes écoles de commerce post-prépa, collectés dans le cadre de son classement 2024. Mauvaise nouvelle, ils continuent de progresser fortement encore cette année.

A la rentrée 2024, les étudiants du programme grande école d'HEC devront débourser plus de 67 000 euros leurs trois années de scolarité.

Après trois ans de classe préparatoire à Lille, Marie choisira sa future école de commerce « en fonction de l’ambiance, des spécialisations proposées et de l’engagement environnemental de l’établissement ». Mais un autre critère risque de peser très lourd dans la balance cette année : celui des frais de scolarité. « Ça m’angoisse ! confie la jeune femme âgée de 20 ans croisée lors d’oraux de Kedge BS à Bordeaux. Je sais que les salaires de sortie sont plutôt bons mais est-ce que cela suffira à rembourser mon prêt étudiant rapidement ? Quand je vois que l’année à l’emlyon est fixée à 19 000 euros, ça commence à faire très cher d’autant qu’il faut y ajouter le loyer, le coût de la vie… » Résultat, la Lilloise pour le moment admissible à Neoma, Audencia, l’emlyon ou encore Skema Lille hésite sérieusement à privilégier la proximité et à rester chez ses parents pour limiter les frais au moment du choix final.

Près de 65 000 euros sur trois ans à HEC

Le cas de Marie est loin d’être isolé. Le coût des études représente d’ailleurs le premier frein pour rejoindre une business school. Il est cité par 45 % des 18-30 ans interrogés par OpinionWay pour Kedge BS en 2023. Il faut dire que ces dernières années, les frais de scolarité des grandes écoles de management explosent. D’après les données collectées dans le cadre de notre classement 2024 des écoles de commerce post-prépa, à la rentrée prochaine, un étudiant à HEC devra débourser 64 500 euros pour trois ans, et même 67 900 euros s’il prend une année de césure (+ 8 % sur un an). C’était deux fois moins en 2010 ! Cette année l’ESCP et l’Essec ont, elles aussi, franchi la barre symbolique des 60 000 euros (césure comprise), quand l’emlyon (59 000 euros) et l’Edhec (58 000) la frôlent.

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Cette lame de fond concerne toutes les écoles, l’écrasante majorité affichant désormais des prix à plus de 40 000 euros, avec une progression moyenne de 6 % sur un an, bien au-delà de l’inflation (+ 2,3 % en mai sur un an). La plus forte progression est réalisée par l’ICN BS qui passe en un an de 37 100 à 43 000 euros (césure comprise), soit une hausse de 16 %. Dans notre sélection, il n’existe plus qu’une école -l’IMT Business School- à moins de 30 000 euros ; les trois années de l’école d’Evry-Courcouronnes coûtant 24 250 euros. Elle est d’ailleurs la seule avec Skema qui n’augmente pas ses frais de scolarité en 2024. Le prix d'une année de césure, qui permet de faire une pause dans son cursus pour partir à l'étranger ou travailler, est facturé de manière très variable d'une école à l'autre, allant de la gratuité pour Kedge ou MBS à 3000 euros pour HEC ou ISC Paris !

 

 

 

 

Alors que les écarts étaient beaucoup plus resserrés entre les établissements à l’orée des années 2010, on constate désormais un vrai positionnement marketing, les écoles les plus cotées affichant des prix nettement plus élevés que les autres. Césure comprise, quatre groupes d’écoles se détachent ainsi nettement. Le top-5 (HEC, ESCP, Essec, emlyon, Edhec) autour de 60 000 euros. Suivent les écoles du top-11 jusqu’à TBS Education entre 45 000 et 50 000 avec une exception notable de Skema qui est la seule école de sa catégorie à afficher une scolarité à 52 000 euros. Un autre groupe d’écoles avoisinent les 40 000 euros (BSB, Exelia, MBS…). Enfin, une poignée d’autres maintiennent leurs tarifs autour de 30 000 euros (IMT-BS, EM Strasbourg, SCBS, ESC Clermont).

Des exonérations pour les boursiers

Pour les étudiants, le pari de l'école de commerce reste encore rentable compte tenu des très bons taux de placements. Plus des deux tiers des diplômés 2023 ont trouvé un emploi avant leur sortie d’école, selon les derniers chiffres de la Conférence des grandes écoles. Et heureusement, le salaire moyen du premier job continue de progresser avec un brut hors primes de 40 241 euros cette année, soit une progression de 22 % par rapport à 2014. Une dynamique à relativiser quand on la compare à l’inflation cumulée sur la même période qui atteint, elle, 20 %.

 

 

 

 

A noter toutefois que, ces dernières années, les business schools ont aussi presque toutes mis en place des exonérations pour les étudiants les plus modestes. La scolarité est ainsi gratuite pour un boursier échelon 7 à HEC, l’ESCP, emlyon ou IMT-BS. Ceux qui sont échelon 1 peuvent encore bénéficier d’une réduction de 30 % à HEC ou de 20 % à l’Edhec. Des bourses sociales internes peuvent aussi être distribuées aux étudiants les plus méritants dans la plupart d’entre elles même si ces dispositifs concernent encore une minorité d’étudiants. Finalement, le meilleur retour sur investissement demeure l’apprentissage qui permet à l’étudiant d’être exempté de droits tout en touchant une rémunération. Et de gagner ainsi sur tous les tableaux.

Pourquoi les écoles sont de plus en plus chères

Plusieurs raisons expliquent la hausse des tarifs des business schools ces dernières années. La baisse des subventions, via les chambres de commerce et d’industrie, a forcé nombre d’institutions à faire grimper leurs prix pour équilibrer leurs recettes. L’intensification de la concurrence a par ailleurs conduit nombre d’entre elles à multiplier les programmes (bachelors, MSc…) et les voies d’accès pour atteindre une taille critique suffisante. Avec à la clé des investissements coûteux dans les campus ou le recrutement d’un corps professoral de haut niveau valorisé par les classements français et internationaux mais qui pèse lourd sur les budgets et justifient là encore une hausse des frais de scolarité.