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La téléconsultation médicale peine à trouver son modèle économique

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La société H4D, pionnière des cabines de téléconsultation médicale, a mis la clé sous la porte faute d’avoir trouvé son marché.
La société H4D, pionnière des cabines de téléconsultation médicale, a mis la clé sous la porte faute d’avoir trouvé son marché. H4D

La société H4D, pionnière de la cabine de téléconsultation, vient de mettre la clé sous la porte.

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Le secteur de la téléconsultation médicale n’a pas encore trouvé son modèle économique. La société H4D, pionnière des cabines de téléconsultation, et un temps leader européen, vient ainsi de mettre la clé sous la porte faute d’avoir trouvé son marché. Fondée en 2008 par un médecin, le docteur Franck Baudino, la société avait véritablement pris son envol avec une première levée de fonds en 2016, réunissant 6,7 millions d’euros auprès de Bpifrance et CNP Assurances notamment. En 2020, alors que la pandémie de Covid donnait un coup de fouet au développement de la téléconsultation, une deuxième levée de fonds de 15 millions d’euros - auprès de ses investisseurs historiques et de Supernova Invest notamment - avait permis à la société de franchir un nouveau palier. 

Mais la semaine dernière, les collectivités locales qui avaient acheté les télécabines de H4D, pour tenter de faire face à la raréfaction des médecins sur leur territoire, ont appris l’arrêt de l’exploitation de la société, mise en liquidation par un jugement du tribunal de commerce de Paris. Elles cherchent aujourd’hui un exploitant capable de reprendre l’activité. « On ne s’y attendait pas du tout », regrette Cédric Mancini, le maire de Saint-Paul-de-Varax, petite commune de 1 600 habitants située dans l’Ain. 

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Or, le problème de H4D est que le coût d’achat et d’exploitation de ses télécabines, très sophistiquées, était élevé pour les collectivités locales. Dans l’Ain, le conseil départemental avait acheté les cinq premières cabines 100 000 euros chacune, avec une subvention de l’État couvrant 80 % de l’investissement, selon les chiffres de Martine Tabouret, la vice-présidente en charge du dossier. La sixième avait été acquise 40 000 euros. Et Cédric Mancini estime que le fonctionnement de la télécabine revenait à environ 50 000 euros par an, en prenant en compte les consommables, le salaire de l’agent présent en permanence aux heures d’ouverture de la télécabine, et le loyer du local. 

« Le modèle de H4D avec des cabines ultra technologiques et coûteuses, est assez unique sur le marché. Il était bon il y a dix ans mais aujourd’hui, il est aujourd’hui fragilisé, estime Jean-Pascal Piermé, président de l’association Les Entreprises de télésanté (LET), qui fédère les entreprises du secteur. Comme beaucoup d’entreprises de télémédecine aujourd’hui, le modèle économique d’H4D ne tenait que tant qu’il y avait des investisseurs pour financer l’activité. »

Peu de consultations

L’un des principaux handicaps de H4D était lié au fait que les collectivités locales et autres Ehpad ont du mal à rentabiliser ces cabines faute d’utilisateurs suffisants. À Saint-Paul-de-Varax, le maire Cédric Mancini reconnaît ainsi que le succès n’a pas été aussi fort qu’espéré, avec à peu près 300 consultations en 18 mois pour la cabine implantée dans l’ancien cabinet médical du village. 

Depuis quelques années, H4D était concurrencé par une nouvelle génération de spécialistes de la téléconsultation, Tessan et Medadom, dont les cabines, moins sophistiquées sur le plan technologique, sont moins chères, selon les professionnels. « Les collectivités locales et les pharmacies ont opté pour les cabines les moins chères avec lesquelles ils ont un meilleur retour sur investissement », souligne un expert. 

« Le secteur de la télémédecine n’est pas encore abouti. Mais, son avenir reposera sur un parcours hybride avec, par exemple, des infirmiers présents face au malade et une consultation à distance avec le médecin, avance Jean-Pascal Piermé. Il faudra trouver des moyens de capter les informations médicales (tension, poids…) s’il n’y a pas d’infirmier. » Pour l’heure, les sociétés de télémédecine ne gagnent pas encore d’argent. « L’ensemble des activités ne sont pas rentables. Le secteur n’a pas encore complètement trouvé son modèle économique. Les sociétés n’ont pas encore atteint la maturité nécessaire. Elles en sont conscientes et font des efforts pour se réorganiser », reconnaît Jean-Pascal Piermé. « Mais, la situation va changer grâce aux évolutions réglementaires et au fait que désormais les entreprises de téléconsultation sont obligées de décrocher un agrément ministériel pour opérer », veut-il croire.  

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Si les téléconsultations représentent une part marginale de l’ensemble des consultations médicales facturées à l’Assurance-maladie (autour de 4 %), elles devraient continuer à se développer, en particulier dans les déserts médicaux. « On n’a pas le choix, on n’a plus de médecin, il faut quand même proposer des solutions », explique Aurélie Charillon, la maire de Prevessin-Moëns (Ain).

La téléconsultation médicale peine à trouver son modèle économique

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12 commentaires
  • domi 01

    le

    Le contenu de l'article révèle le volet « sale » de l'histoire : l'aspect économique et financier. Un nouvel échec pour notre « médecine de ville » déjà bien malade (mourante?) et dont un autre article sur les centres de soins immédiats de tout poil se fait aussi l'écho. Ainsi donc, ces tristes « cabines » (qui ne sont pas sans rappeler les « coquilles » destinées à euthanasier en Suisse, elles aussi sur la sellette) étaient présentées abusivement, malhonnêtement comme LA solution au manque de médecins couramment appelé « déserts médicaux »: j'habite dans un de ceux-ci mais dois avouer que presque tous mes amis et parents habitent AUSSI dans un désert médical. Je n'ai jamais cru que le fait d'être enfermé dans une boîte truffée de micro, capteurs et différents instruments de docteur pouvait remplacer le contact physique avec un praticien. Si on a pu faire l'école en distanciel pendant le covid pandémique, faire la médecine de cette façon est une tromperie. Et ce n'était possible qu'à coup de subventions par-ci et par-là, comme on l'apprend enfin... Et cette start-up prometteuse qui se casse la g... en est une illustration bien embarrassante. La médecine est devenue une marchandise, qu'on se le dise. Et elle donne lieu à pluie de mensonges et tromperies. La seule solution, c'est une augmentation considérable du nombre de médecins et, selon eux, « une meilleure attractivité » du métier par « plus de moyens » : ça ne vous rappelle rien ?

  • Sans-dents

    le

    Lorsqu'on a essayé la téléconsultation médicale une fois, l'on y revient rarement deux fois ! Ça n'inspire vraiment pas confiance ...
    La relation humaine médecin/patient est fondamentale pour soigner les patients.

  • emile

    le

    La télé médecine fait gagner du temps patient.
    Pas du temps médical. Vu que les visites de confort sont terminées.
    Quel était l'objectif de départ ?
    Ah au fait les arrêts de travail ça ne marche plus dans la cabine !

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