
« Vous tenez en vos mains l’intelligence et l’âme des enfants. (…) Ils sont français et doivent connaître la France, sa géographie et son histoire, son corps et son âme. » Cette lettre de Jean Jaurès aux instituteurs a résonné dans la cour de la Sorbonne, le 21 octobre 2020, lue par Christophe Capuano, un ancien camarade de Samuel Paty. Cinq jours plus tôt, le vendredi 16 octobre, ce professeur d’histoire de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) était assassiné par un terroriste islamiste, après avoir été victime d’une cabale mensongère à la suite d’un cours sur la liberté d’expression.
Le rapport organique entre l’histoire, la géographie et la construction citoyenne a donné une place particulière au professeur d’histoire-géographie depuis les origines de l’école républicaine. Le meurtre de Samuel Paty, il y a tout juste quatre ans, renforce le constat. Les concours de recrutement en histoire et en géographie, alors même que le métier de professeur connaît une crise endémique des vocations, continuent à faire le plein.
Les étudiants ont toujours envie d’enseigner l’histoire, malgré le traumatisme. « Combatifs », « engagés », « d’excellent niveau », les formateurs et inspecteurs qui aiguillent au quotidien les jeunes enseignants d’« histoire-géo » sont dithyrambiques. « Dans ma génération, on est entrés dans le métier sans savoir qu’on pouvait en mourir. Eux le savent, résume François Da Rocha, enseignant dans un lycée de Roubaix (Nord) et vice-président de l’Association des professeurs d’histoire-géographie (APHG). Ceux qui sont arrivés après le meurtre de Samuel Paty ont la “foi” chevillée au corps et sont encore plus prêts à partir au front. »
Il vous reste 81.91% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.