A l'ombre de Naval Group, ces petits champions français du naval de défense
A l’ombre de Naval Group, des petits champions du naval de défense, Socarenam, Piriou, Ocea ou Couach, réalisent un carton commercial, en France comme à l'export. Gros plan sur ces pépites méconnues, qui tenteront de prendre la lumière à Euronaval, le salon du secteur, qui s'ouvre aujourd'hui à Villepinte.

Ils seront une demi-douzaine, souvent inconnus du grand public, à tenter de prendre la lumière au Salon Euronaval, grand raout du naval de défense du 4 au 7 novembre, à Villepinte. Eux ? Une poignée de chantiers navals français de taille moyenne, de Socarenam (Boulogne-sur-Mer, Saint-Malo) à Ocea (Les Sables-d’Olonne), en passant par Piriou (Concarneau), Couach (Gujan-Mestras), CMN (Cherbourg) ou Sillinger (Mer, Loir-et-Cher).
Dans le radar de la DGA
Ce « Mittelstand » du naval français, du nom de ces ETI allemandes qui font la force du commerce extérieur outre-Rhin, a multiplié les gros contrats ces dernières années, en France comme à l’export. Socarenam, longtemps spécialisé dans les navires de pêche, a été sélectionné en 2019 par la Direction générale de l’armement (DGA) pour fournir les six nouveaux patrouilleurs outre-mer, des navires de 80 mètres et 1 300 tonnes qui seront basés à Tahiti, à la Réunion et en Nouvelle-Calédonie. Deux d’entre eux ont déjà été livrés.
Le même Socarenam, allié aux chantiers CMN et Piriou, a été choisi fin 2023 pour fabriquer sept patrouilleurs destinés à la haute mer pour la Marine nationale, un contrat de 900 millions d’euros. L'ETI Exail a été sélectionnée le 27 septembre pour fournir un drone sous-marin à la Marine nationale, capable de descendre à 6.000m de profondeur. Quant à Sillinger, spécialiste des bateaux pneumatiques et semi-rigides basé à Mer (Loir-et-Cher), il a signé fin 2023 un contrat-cadre de 9 millions d'euros pour équiper les armées françaises.
Les poids moyens du naval français ont aussi multiplié les contrats à l’export. Le breton Piriou, dont le chiffre d’affaires a triplé en trois ans (350 millions d’euros en 2023), a vendu trois patrouilleurs de haute mer au Sénégal, et s’occupe, en sous-traitance de Naval Group, des 12 navires chasseurs de mines commandés par la Belgique et les Pays-Bas.
Un peu plus au sud, le vendéen Ocea, qui travaille à 95 % pour l’export, a livré une vingtaine de navires à la marine du Nigeria depuis 2011, ainsi que des navires pour les garde-côtes ukrainiens et philippins. Il a également signé une lettre d’intention en avril avec le Guyana pour un patrouilleur de 58 mètres (39,5 millions d’euros).
Fini ? Toujours pas. En Arabie saoudite, le normand CMN réalise un carton. Même chose en Angola, où il a notamment vendu ses catamarans militaires Ocean Eagle. Quant au girondin Couach, il a réalisé 100 % de ses ventes militaires à l’export depuis 2000. Le groupe basé près d’Arcachon a notamment livré, ces dernières années, 79 intercepteurs à l’Arabie saoudite et 22 à Oman. La société a même ouvert une filiale de 40 salariés en Arabie saoudite pour la formation et la maintenance.
R&D décisive
Comment expliquer ces succès à l’international ? La R&D est un facteur essentiel. « Face à des chantiers navals turcs ou coréens très subventionnés par leurs gouvernements, les acteurs français ne peuvent pas lutter sur les prix : ils doivent être meilleurs sur la technologie », résume Philippe Missoffe, délégué général du Groupement des industries de construction et activités navales (Gican), le syndicat professionnel du secteur.
Couach propose ainsi des bateaux de taille modeste, mais très armés et dotés des dernières technologies de capteurs et d’intelligence embarquée. « Nos derniers patrouilleurs de 22 mètres sont équivalents, en termes de capteurs et d’armement, à des navires de 80 mètres », explique Yann Huort, responsable du développement commercial Europe de Couach. Ocea a quant à lui misé sur des navires 100 % aluminium, plus légers et plus résistants à la corrosion. Exail est à la pointe sur les drones de surface capables de naviguer sur des mers formées (gamme Drix), mais aussi sur les drones sous-marins.
Couplées aux succès des deux géants français du secteur (Naval Group, Chantiers de l’Atlantique), ces bonnes performances export permettent à la filière navale tricolore d’être une des rares à afficher un solde commercial positif : 1,5 milliard d’euros en 2023. Soit 50 % de plus qu’en 2010.
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