Quand Pauline s’est vu proposer de monter en grade, dans le théâtre toulousain où elle travaille comme chargée de communication, elle n’a pas hésité longtemps avant de décliner. Ce n’était pas tant qu’elle ne se plaisait pas dans cette structure. Ni même qu’elle ne se sentait pas capable d’assumer un emploi avec plus d’envergure et de responsabilités. Aucun syndrome de l’imposteur à l’horizon. La jeune femme de 31 ans (qui n’a pas souhaité donner son nom de famille) n’aspirait simplement pas à plus que ce que lui offrait son poste actuel. Désormais, faire carrière ne fait plus partie de ses plans de vie.
Petite, pourtant, la Picarde était une « bête à concours », championne des tournois d’orthographe à l’école, prodige des compétitions de saut en hauteur à l’extérieur. « Avec le recul, je me demande si j’y prenais un quelconque plaisir. Je ne pense pas », se rend-elle compte. Après le collège, elle doit quitter sa région pour trouver le meilleur lycée possible, puis la bonne classe prépa, dans le 16e arrondissement de Paris. En excellente passe pour réussir le concours de l’Ecole normale supérieure, elle est encouragée par ses professeurs de prépa à faire une troisième année. Mais, soudain, elle écoute sa voix intérieure et refuse.
« On m’a reproché de ne pas avoir d’ambition : c’était vrai », assume aujourd’hui Pauline, qui désire, avant tout, « construire une relation sereine au travail », et ne pas le ramener à la maison. Quand cette diplômée d’un master d’études théâtrales envisage désormais de rétrograder à un poste d’accueil à la billetterie, afin de se dégager du temps en journée, ses collègues la regardent avec des yeux ronds. Ce temps libéré représente pourtant un espace précieux à ses yeux : Pauline prend plaisir à écrire de la fiction « pour [elle]-même » et s’implique dans une association de quartier.
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