
Dimanche 13 avril, Mattéo avait deux objectifs : finir son premier marathon, et décrocher un contrat d’apprentissage pour pouvoir faire sa 3e année de bachelor en management du sport en alternance. Pour remplir son 2e objectif, il a parcouru les 42 km du marathon parisien avec accroché dans le dos un QR code géant renvoyant vers son CV. « J’ai fini mon marathon, en 3h45 », se réjouit le jeune homme, « mais seulement deux personnes ont flashé mon QR code, et je n’ai toujours pas de contrat pour la rentrée prochaine ».
La situation de Mattéo n’a rien de dramatique, puisque la campagne de recrutement en apprentissage ne fait que commencer : s’il est plus confortable de trouver son entreprise avant l’été, légalement les aspirants apprentis ont jusqu’à 3 mois après leur rentrée pour trouver leur contrat. Mais la baisse des aides à l’embauche, et l’obligation nouvelle pour les entreprises embauchant des apprentis au niveau bac + 3 et plus de verser une contribution de 750 euros par contrat, font planer une ombre sur la campagne 2025. Ainsi selon le président du Medef, Patrick Martin, le nombre de contrats d’apprentissage serait en recul « de 20 à 30 % » depuis le début de l’année.
« Il y a beaucoup de demandes, et peu d’offres »
Pas de quoi rassurer Emma, 19 ans, à la recherche d’un contrat dans le secteur de l’événementiel pour préparer un bachelor : « Je termine mon BTS Management commercial en alternance, et pour mon BTS j’avais trouvé mon contrat en juin. Nous ne sommes qu’en avril, je ne me décourage pas. Mais ça reste difficile dans mon domaine où il y a beaucoup de demandes et peu d’offres ». C’est pourquoi Emma, qui a d’abord cherché une entreprise sur toute la Mayenne, a finalement décidé d’élargir sa recherche à Rennes et Le Mans.
Mattéo, lui aussi, enchaîne les envois de CV, « 30 à 40 en 3 semaines », dans l’espoir de faire sa 3e année de bachelor en alternance - il avait bien commencé sa 2e année en apprentissage mais n’a pas été gardé après sa période d’essai. N’ayant pas retrouvé d’entreprise, le jeune homme a continué son année sous statut scolaire, et va donc devoir payer les frais de scolarité de son école privée : « 9 500 euros pour l’année. Plein de camarades dans la même situation que moi ont dû abandonner leurs études ».
Chez IGENSIA, groupe d’établissements d’enseignement supérieur privés, on se veut pragmatique face à cette situation tendue : « On va faire en sorte de signer le plus de contrats possibles avant le 1er juillet, date de mise en œuvre de la contribution de 750 euros par contrat d’apprentissage de niveau bac + 3, explique Sébastien Malige, le directeur d’IGENSIA Alternance Nanterre. Globalement, nous ne sommes pas inquiets, mais prudents. »
« Il y a des incertitudes économiques qui peuvent amener certaines entreprises à temporiser sur les recrutements d’alternants, note quant à elle Danielle Sionneau, directrice du CFA Formasup, qui compte 8 000 apprentis en BUT, licence professionnelle, master, diplôme d’ingénieur. Mais tout n’est pas à l’arrêt ! Nous encourageons nos étudiants à rester confiant dans leur recherche, même si cela demande effectivement beaucoup de persévérance. »
Privilégier les diplômes reconnus
Julien Grobert, chargé des relations entreprise à la Toulouse School of management, rattachée à l’université Toulouse capitole, se dit lui « modérément optimiste » pour la rentrée prochaine : « On n’a pas noté de baisse des offres chez nos entreprises partenaires. Au contraire, en faisant le bilan de notre dernier forum de recrutement, nous avons relevé plus d’offres proposées, et plus d‘entretiens réalisés. »
« De même, poursuit Julien Grobert, à ce moment de l’année, nous n’avons jamais eu autant de candidats en master 1 ou 2 en alternance qui avaient déjà trouvé leur entreprise. Peut-être la conséquence de la campagne de communication que nous avons faite il y a quelques mois pour promouvoir nos formations et notre établissement, qui est public, ce qui garantit plus de diversité sociale dans les profils des étudiants recrutés, et aucun reste à charge pour les entreprises. »
Danielle Sionneau approuve : « La principale variable qui influence les chances d’un étudiant de décrocher un contrat en apprentissage n’est pas tant la situation économique du pays que la reconnaissance dont bénéficie le diplôme qu’il prépare. » Raison de plus pour viser prioritairement des diplômes nationaux - BTS, licences pros, BUT, masters -, et des universités publiques ou des grandes écoles reconnues par la conférence des grandes écoles.
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