Les agricultrices sont devenues des actrices prépondérantes du paysage agricole. À l’occasion de la 58e édition du Salon international de l’agriculture, le groupe d’études et de conseil BVA a présenté le 1er mars 2022 les résultats d’un sondage réalisé pour le Crédit Agricole, qui dresse un portrait des femmes agricultrices, chefs d’exploitation, et de leur ressenti quant à leur profession.

Des agricultrices avec une diversité d’expériences

La place des femmes dans l’agriculture est significative et les premiers chiffres du Recensement agricole 2020 le confirment. Selon ce dernier recensement agricole, plus d’un quart des chefs d’exploitation, co-exploitants et associés actifs en France aujourd’hui, sont des femmes.

Si l’on devait dresser un profil type, il s’agit d’une femme de plus de 40 ans (87 %), mariée, avec deux ou trois enfants, qui est plutôt diplômée, de formation générale supérieure (55 %), ce taux s’élevant à 82 % chez les 40-49 ans.

Elle a également exercé une autre activité professionnelle avant de s’installer (70 %) et souvent sans aucun lien avec l’agriculture (50 %). Les femmes ont ainsi la capacité à amener, à l’agriculture, d’autres expériences et référents sectoriels.

L’agriculture, une affaire de famille

Les agricultrices en charge de leur exploitation ont, en grande majorité, hérité leur passion de la famille. Ainsi, 82 % sont originaires d’une famille d’agriculteurs et 9 % d’origine citadine.

La plupart du temps, leur exploitation vient de leur famille (53) ou de celle de leur conjoint (24). Le désir de maintenir en activité l’exploitation familiale étant, de fait, l’une de leurs premières motivations (47).

Toutefois, près d’une agricultrice sur quatre (23 %) a acheté ou repris l’exploitation d’un tiers (15 %) ou même l’a créée (8 %). Ce taux de reprise ou de création monte même à 66 % en arboriculture ou en maraîchage. Par ailleurs, il est plus élevé chez les plus diplômées.

Des agricultrices attirées par l’élevage

Les agricultrices gèrent des exploitations plus grandes que la moyenne nationale, avec en moyenne 75 ha de SAU contre 69 ha pour le total des exploitations, selon le recensement agricole de 2020.

Plus nombreuses à faire de l’élevage (43 % contre 37 % au global), le fait de s’occuper des animaux est l’un des principaux plaisirs du métier (41 %) aux côtés de la vie au plein air (43 %) et surtout du fait d’être indépendante (44 %).

À l’inverse, l’aspect rébarbatif du métier d’agricultrice est largement dominé par le machinisme ou la mécanique (57 %) comme la conduite des tracteurs ou le réglage des outils.

Des agricultrices engagées dans des productions de qualité

En termes de production, les agricultrices françaises sont plus engagées que la moyenne nationale dans les productions sous label (30 %, + 5 points) et en agriculture biologique (21 %, + 8 points). Elles sont aussi plus nombreuses à afficher leur volonté de s’y intéresser à l’avenir, lorsqu’elles ne le pratiquent pas encore (respectivement 13 % et 21 %).

Si l’on s’intéresse à la diversification, les agricultrices sont également plus présentes dans la vente directe aux consommateurs (30 %, + 7 points) et 16 % pensent s’y intéresser. En revanche, elles se sont moins diversifiées dans la production d’énergies renouvelables (8 % contre en moyenne 14 % au niveau national) mais affichent la volonté de s’y intéresser (3 %).

Des agricultrices bien entourées

Si concilier vie privée et vie professionnelle est un défi pour ces femmes en charge d’une exploitation, elles estiment le relever avec brio : 72 % considèrent qu’elles y arrivent, tout à fait (35 %) ou plutôt bien (37 %).

En outre, elles se sentent très bien entourées, tant sur le plan social (86 %) que sur le plan professionnel (71 %). Elles expliquent d’ailleurs être aidées dans leur travail par au moins un membre de leur famille (51 %).

Pour elles, une des contraintes du métier réside dans le peu de vacances disponibles. En moyenne, les agricultrices ne bénéficient que de 10 jours et un tiers d’entre elles n’en ont pas pris depuis trois ans.

Il est à noter que les agricultrices déclarant réussir à équilibrer leurs vies professionnelle et privée ont pris deux fois plus de vacances (12 jours) que celles qui n’arrivent pas à cet équilibre (6 jours). Le nombre de jours de vacances est donc un indicateur significatif du moral des agricultrices.

Des agricultrices heureuses malgré quelques inquiétudes

La bonne nouvelle est que 92 % des agricultrices françaises se disent heureuses d’exercer ce métier et sont pour la plupart optimistes quant à leur avenir professionnel (58 %). Néanmoins, une grande partie d’entre elles restent encore peu ou pas du tout confiantes (42 %).

Enfin, un autre point positif concerne la reconnaissance que ressentent les agricultrices de la part de leur entourage professionnel et en particulier de leur collègues masculins (70 %) ou du grand public (68 %, soit + 14 points depuis 2013).