Ces vingt dernières années, de nombreuses recherches se sont penchées sur les effets de la massification scolaire et des mécanismes de sélection
visant la (re)production des élites. De nombreuses initiatives et réformes ont été mises en œuvre pour ouvrir le vivier des candidats et candidates,
notamment dans les CPGE scientifiques. Dès 1977, des classes préparatoires scientifiques et technologiques (CPGET) ont été créées pour diversifier
le profil scolaire et social des ingénieurs et vétérinaires.
Cet article a pour objectif de présenter l’expérience de socialisation des bachelières et bacheliers technologiques au sein de ces CPGET, d’analyser
la formation sociale et intellectuelle de ce groupe ciblé dans une perspective sociologique. La problématique de cette recherche est focalisée sur
l’expérience de cette transformation et le vécu de l’épreuve initiatique des élèves inscrits dans les CPGET à travers le développement du métier
de préparationnaire. L’enquête montre que vivre un parcours exigeant et se lancer dans cette entreprise de consécration ressemble à un défi
humain et scolaire. Ce n’est pas en s’inscrivant en CPGE qu’ils et elles deviennent préparationnaires, c’est lorsqu’ils et elles sont en mesure
de satisfaire aux exigences de ce curriculum. Une ouverture sociale et scolaire facilite l’accès institutionnel, mais l’accès aux savoirs et la métamorphose indispensable pour persévérer et réussir renvoient à une prise de conscience et à une mobilisation individuelle radicale.