Résumé : |
"La réforme de 2018 a stimulé la demande et l’offre de travail en apprentissage, tout en solvabilisant une offre de formation élargie. Mais la chronique du développement de l’apprentissage coïncide surtout avec l’introduction de l’aide exceptionnelle à la fois très généreuse et non ciblée dans le cadre du plan de relance de 2020 : 458 000 emplois ont été créés dans son sillage, dont 252 000 n’auraient pas existé sans elle et 206 000 résultent indistinctement du cocktail incitatif combinant la réforme de 2018 et l’aide exceptionnelle. L’image de l’apprentissage a beaucoup bénéficié de cette promotion, notamment dans l’enseignement supérieur.
Mais l’évolution du profil des apprentis va de pair avec une très faible efficience du point de vue de l’insertion en emploi, car le coût de cette politique est excessif : en 2023 la dépense nationale pour l’apprentissage aurait atteint 24,9 milliards d’euros, soit 26 000 € par apprenti, environ deux fois plus que ce qui est consacré à chaque étudiant du supérieur. Le resserrement des aides stabiliserait ce coût à 24,6 milliards d’euros en 2024, ce qui est incompatible avec la situation budgétaire actuelle étant donné l’inefficacité de cette dépense. Mais il est délicat de renoncer à ces fortes subventions car l’objectif présidentiel d’atteindre 1 million de nouveaux apprentis par an a conduit à promettre la stabilité des aides jusqu’en 2027, et aussi parce que l’emploi des jeunes et les organismes de formation en souffriraient.
Nous proposons ici 4 leviers pour reprendre le contrôle du dispositif, avec à la clé une économie pouvant avoisiner 10 milliards d’euros en année pleine : (1) revenir au ciblage de l’aide unique de 2018, (2) redonner à la taxe d’apprentissage son rôle de financement des coûts pédagogiques, (3) revoir certains niveaux de prise en charge des contrats en les inscrivant dans une stratégie de politique publique et (4) examiner les droits sociaux attachés aux contrats d’apprentissage et la manière dont ils sont financés. Nous y ajoutons quatre pistes complémentaires susceptibles de renforcer l’efficience du dispositif." |